Entre janvier 2010 et août 2017, le consommateur belge a payé 23,5% de plus pour la bière. Une augmentation bien plus élevée que celle observée chez ses voisins. C’est ce qui ressort du rapport trimestriel de l’Observatoire des prix dressé par le SPF Economie.
Hausse des prix plus importante en Belgique
L’Observatoire des prix a dressé un état des lieux du secteur de la fabrication de bière en Belgique en raison, entre autres, de la hausse des prix à la consommation de la bière, plus forte en Belgique que dans les pays voisins. En effet, entre janvier 2010 et août 2017, le consommateur belge a payé 23,5 % de plus pour la bière, contre respectivement 15,0 %, 13,1 % et 7,9 % en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. De même, en août 2017, alors que le consommateur belge payait 14,2% de plus qu’en 2013, la hausse de prix dans la zone euro est restée limitée à 5,4% et, dans les pays voisins, à 6% en Allemagne, 1% aux Pays-Bas et 0,6% en France. En Belgique la hausse de prix concerne davantage les bières fortes (+18% entre 2013 et août 2017). Que les bières légères (+11,5%).
Causes: hausse des accises et des prix à la production
Cela s'explique notamment par l'augmentation des accises sur la bière (le 5 août 2013 et le 1er novembre 2015) et par la hausse des prix à la production dans notre pays (+15,2% entre 2010 et 2017). L’analyse du SPF Economie a révélé qu’en Belgique, les prix à la production de la bière ont davantage augmenté que les prix à la production des pays européens et des principaux pays voisins (à l’exception des Pays-Bas), surtout pendant la période 2013-2017 (avec une inflation annuelle moyenne de 2,8 % en Belgique, contre 1,7 % dans la zone euro).
Rentabilité plus élevée en Belgique
Avec une marge brute d’exploitation de 22,1 % en moyenne entre 2010 et 2015, la rentabilité du secteur est élevée en comparaison avec les pays voisins et d’autres secteurs de l’alimentation et des boissons en Belgique. « Malgré l’arrivée récente de nombreuses brasseries, le secteur de la fabrication de bière dans notre pays est concentré autour de quelques acteurs majeurs, dont un dominant » explique le SPF Economie. Les performances d’AB InBev influencent grandement celles du secteur, tant en termes de rentabilité que d’exportations.
Explosion de l’exportation
La hausse soutenue du chiffre d’affaires du secteur (+26,8 % entre 2010 et 2015) est due à une forte dynamique à l’exportation (+62 % entre 2010 et 2015), les destinations hors UE-28 y prenant de plus en plus d’importance. Avec une marge brute d’exploitation de 22,1 % en moyenne entre 2010 et 2015, la rentabilité du secteur est élevée en comparaison avec les pays voisins et d’autres secteurs de l’alimentation et des boissons.
« Le marché belge est caractérisé par la domination absolue de AB InBev »
Le nombre d’entreprises actives dans la fabrication de la bière a augmenté de 77,3% entre 2010 et 2015, passant de 132 à 234. Toutefois, comme le souligne plus haut le SPF Economie, les nouveaux arrivants sont en règle générale de très petites brasseries dont l’impact sur la concurrence et sur l’évolution des prix reste marginal. En effet, à eux seuls, AB InBev, Alken Maes et Duvel Moortgat sont responsables de 61,9% des parts de marché du secteur en 2015. C’est malgré tout moins qu’en 2010 (71,4%). De même, les cinq premières brasseries comptabilisent une part de marché de 74,5% en 2015, contre 80,1% en 2010.
Ce secteur est donc marqué par une concentration élevée. Cette concentration est pointée par l’Autorité belge de la Concurrence, pour qui le marché belge « est caractérisé par la domination absolue de AB-Inbev, avec une part de marché de 50 à 60 % (et de 60 à 70 % pour les bières de type pils). Cette domination est tout à fait unique : bien qu’il existe d’autres pays ayant des champions qui tiennent une solide première place, une telle domination est pratiquement inconnue ailleurs ».
Diminution de la consommation
Selon les chiffres annuels 2016 des Brasseurs belges, le secteur brassicole représente une consommation totale de près de 7,7 millions d'hectolitres en Belgique, soit une baisse de 3,3 % par rapport à 2015 et 8,9 % par rapport à 2010. Cela représente une consommation de 68 litres par personne en 2016. Depuis 2010, la consommation de bière a surtout diminué fortement dans l'horeca (-16,8 % en 2016), alors que la baisse dans les autres canaux de vente s'est limitée à 1,5 % sur la même période.
Seule la bière de dégustation progresse
Le consommateur belge boit principalement de la bière pils, qui représente une part de marché de 71,3 % en 2016. Les bières d’abbaye et les trappistes, d'une part, et les bières de dégustation (stout, pale ale, bières régionales,…), d'autre part, ont une part de marché respective de 11,9 % et 11,0 %. Enfin, les bières désaltérantes (blanches, ambrées et amères) et les bières fruitées (gueuze, kriek,…) représentent respectivement 3,7 % et 2,1 % du marché. Entre 2014 et 2016, seule la consommation de bières de dégustation a progressé (+7,8 %).