Plusieurs articles ont paru dans la presse, depuis la publication d'un papier dans la Gazet van Antwerpen, évoquant une situation plus que préoccupante chez Makro, et envisageant ouvertement la fermeture de l'enseigne dans notre pays. A un point tel qu'il n'est plus possible pour nous d'ignorer la rumeur. Mais avec la volonté de faire la part des choses. Et si on laissait travailler Makro ?
Makro n'a jamais caché les difficultés qu'elle rencontrait. En présentant son dernier plan de relance en juin 2018, son CEO Vincent Nolf avait utilisé une formule éloquente : celle de l'entrée de son enseigne aux soins intensifs. Et avec une transparence qui l'honore, il avait révélé à cette occasion les chiffres qui la justifiaient. Il avait aussi évoqué le cap obligatoire fixé par le groupe Metro: c'est l'année 2019 qui serait décisive, et sa capacité à atteindre l'objectif de recruter 45.000 nouveaux clients.
Le groupe entendait aussi donner à Makro Belgium les moyens de se battre, avec un budget marketing en hausse de 20%. Et, disons-le tout net: ces moyens ont été particulièrement bien utilisés. Il y a, dans la programmation des offres, dans leur communication, une dynamique que nous jugeons, à la rédaction, particulièrement efficace et réjouissante. Makro a déjà retrouvé une voix - et une voie - commerciale très combative, et ce n'est pas rien. Cela ne veut bien entendu pas dire pour autant que ceci se traduit dans des résultats financiers du même acabit. Mais c'est une preuve que la chaîne se bat, qu'elle ne ménage pas ses efforts pour séduire et convaincre la clientèle. Elle reste bien entendu soumise aux contraintes qu'elle partage avec les autres représentants du format hypermarché, Carrefour Hyper et Cora, dont l'état de forme récent n'est lui-même pas particulièrement brillant. Comparativement, Makro aurait d'ailleurs, semble-t-il, plutôt mieux négocié l'exercice si important du mois de décembre, même si une hirondelle ne fait pas le printemps.
Mais est-ce bien le moment de tirer sur l'ambulance ? On se le demande en lisant les propos de la déléguée du syndicat BBTK qui s'est confiée à la Gazet van Antwerpen. Qu'elle ne soit pas rassurée sur l'avenir, on peut le comprendre. Qu'elle veille à jouer son rôle de représentation des droits des travailleurs, c'est parfaitement légitime. Mais agiter publiquement, sans le moindre élément nouveau concret, de telles rumeurs dans la presse, c'est plutôt se tirer une balle dans le pied. Makro a effectivement entamé une année dont elle n'a jamais caché qu'elle serait décisive. Elle déploie pour l'instant une activité commerciale plus que réussie, pour tenter d'atteindre son éternel objectif de traffic building. Et les clients peuvent trouver en magasin une offre extrêmement convaincante, en termes de prix et de qualité, contrairement à ce que prétendent les éternels commentaires des "trolls" sur les sites des quotidiens populaires. Il ne faudrait pas que ces efforts si louables et si nécessaires soient masqués, précisément aujourd'hui, par les commentaires gratuits des Cassandre.