La chaîne néerlandaise de supermarchés Jumbo songe à prendre pied sur le marché belge. C'est en tout cas ce qu'a affirmé à Gondola son CFO, Ton Van Veen. "Cela suppose une énorme préparation et une stratégie parfaitement pensée. Nous prendrons le temps nécessaire."
La chaîne néerlandaise de supermarchés Jumbo croît à une vitesse étonnante. Le modeste magasin des débuts est devenu la seconde chaîne de supermarchés des Pays-Bas ! Ton Van Veen, CFO de l'entreprise, a joué un rôle déterminant dans cette success story. Il sera d'ailleurs l'invité de la Gala Night de The Retail Society qui se tiendra le 23 novembre prochain et à laquelle vous pouvez encore vous inscrire ici.
Directeur financier de Jumbo depuis près de 13 ans, il a joué un rôle majeur dans la croissance de l'entreprise familiale – principalement par le biais de fusions et d'acquisitions – qui, au fil du temps, s'est emparé de la seconde marche du podium néerlandais, derrière Ahold Delhaize. Plusieurs prix sont venus couronner le travail titanesque de Ton Van Veen. C'est également sous son impulsion que Jumbo a acquis la chaîne de restauration La Place, un choix a priori étonnant dans le chef d'un retailer.
Quel est le projet derrière ce rachat ?
On constate que les deux marchés ont tendance à s'interpénétrer, que la frontière entre 'acheter' et 'consommer' de la nourriture se fait de plus en plus floue. Le schéma de consommation traditionnel – trois repas par jour – a tendance à se modifier. De nos jours, on mange à tout moment : 'on-the-go', dans la gare, en faisant son shopping,… Il existe aujourd'hui des magasins qui offrent le choix entre manger sur place ou emporter un repas prêt à consommer. On parle désormais de 'share of stomach'. Nous offrons le choix à nos clients : make it, take it or eat it. On observe également que la distinction entre magasin food et non-food est moins marquée et que les magasins non-food ont élargi leur offre vers le food.
Avec Foodmarkt City, vous avez lancé une formule originale : des petits supermarchés de centre-ville pour les courses de dernière minute mais aussi quelques produits frais, sushis, pizzas, sandwiches fourrés et jus.
Cette formule est bien dans l'esprit de l'estompement de la frontière food/non-food. Le client doit pouvoir trouver au même endroit tout ce dont il a besoin. Foodmarkt City est en quelque sorte un croisement de trois concepts : nos supermarchés, nos Foodmarkten (marchés du frais) et notre chaîne de restauration La Place. Les trois concepts rassemblés en un seul.
Jumbo est né dans le sud des Pays-Bas. Projetez-vous réellement de vous investir sur le marché belge ?
Dans notre plan à plusieurs années nous avons effectivement retenu la possibilité d'une expansion vers la Belgique. Mais, à ce stade, disons qu'il s'agit plutôt d'une idée que nous ne souhaitons pas exclure. Rien n'est encore définitivement arrêté, nous examinons d'abord les opportunités. Nous avons l'intention de travailler selon la même philosophie, c’est-à-dire une combinaison d'omnichannel, d'online et de marchés food. Cela demande une énorme préparation et une stratégie parfaitement pensée. Nous réfléchissons en termes de pays : il serait idiot de penser que ce qui fonctionne aux Pays-Bas va forcément fonctionner en Belgique. Nous possédons une vingtaine de chaînes de supermarchés, ce qui est énorme par rapport à l'Allemagne, à la Grande-Bretagne et même à la Belgique. Les plus petites chaînes se fournissent auprès de la même centrale d'achat, ce qui leur permet de pratiquer des prix public très compétitifs. C'est très différent de ce qui existe en Belgique. Nous analysons donc la situation avec beaucoup de minutie avant de décider quoi que ce soit.
La digitalisation est un élément disruptif pour le secteur du retail. Vous en jouez pleinement.
La digitalisation change effectivement la donne. Le magasin perd de son importance en tant que 'nœud logistique' où les consommateurs effectuent l'essentiel de leurs achats. Désormais, les magasins physiques ont une fonction différente : ils sont devenus un lieu d'expérience et d'inspiration, ce qui va bien au-delà que la fourniture de produits à des clients. La numérisation et l'e-commerce provoquent un grand bouleversement. Le blurring de certains canaux et l'input de la technologie ont totalement modifié le marché et ces changements iront en s'amplifiant. Nous ne devons pas seulement nous inquiéter d'Albert Heijn ou de Lidl : de nouveaux acteurs apparaissent sur le marché. Je pense, par exemple, à la chaîne néerlandaise Picnic, qui se positionne comme un pur supermarché en ligne et qui livre gratuitement à domicile. La formule commence à gagner d'intéressantes parts de marché. C'est pourquoi, nous aussi, nous jouons pleinement la carte de l'e-commerce, y compris avec une application qui facilite l'e-commande.