Les producteurs belges de produits de marque n'entendent pas se plier aux nouvelles exigences tarifaires d'Ahold Delhaize.
Ahold et Delhaize ne forment plus qu'un depuis juillet. Peu après la fusion, le groupe a convoqué ses 100 principaux fournisseurs afin de revoir les conditions des contrats qui les lient à lui. Ahold Delhaize exigerait entre autres d'engranger de nouvelles ristournes, qui s'appliqueraient avec effet rétroactif à compter du 1er janvier 2016. Delhaize aurait parfois payé ses fournisseurs jusqu'à 15% plus cher qu'Ahold, se dit-il. Ahold Delhaize entend désormais aligner les conditions d'achat sur le tarif le plus favorable, à présent que les deux entités ont été fusionnées. Il est aussi question d'une prime d'intégration dont les fournisseurs devraient s'acquitter.
Walter Gelens, CEO de l’association des producteurs de marques nationales, le BABM (Belgilux Association of Branded products Manufacturers), avait déjà fait savoir que de telles exigences, qui plus est avec effet rétroactif, entraient en conflit avec les accords conclus à travers la Concertation de la Chaîne, dans le cadre de “The Supply Chain Initiative". (Relisez ici la réaction de Walter Gelens, ainsi que notre analyse datée du 18 août)
(Mise à jour - 14/09)Le BABM restait pourtant voici un mois encore prudent sur la nature des mesures qu'il opposerait à de telles exigences, si elles se confirmaient. Mais l'association passe à présent à l'offensive, en envoyant une lettre à Ahold Delhaize, ainsi qu’au président de la consultation de la chaîne exprimant son mécontentement. Dans celle-ci sont énumérés un certain nombre de points qui sont, selon le BABM, contraires au principe de la Supply Chain Initiative, l’organe consultatif réunissant entre autres le Boerendond, les chaînes de supermarchés et les producteurs de marque.
Nous vous faisions savoir le 13 septembre que le BABM aurait introduit une plainte pour non-respect des accords intervenus au sein de "The Supply Chain Initiative". « Il n’en est rien » commente aujourd’hui le BABM, injoignable en date du 13/09. Il apparaît donc aujourd'hui qu'il ne s'agit pas, ou pas encore, d'une plainte officielle, mais bien d'une lettre adressée au président de cet organe de concertation de la filière, pour lui faire part du mécontentement des marques face aux exigences du groupe de distribution. Entre une lettre où l'on fait connaître ses griefs et une plainte en bonne et due forme, il y a bien entendu une nuance de poids, que nous avons, comme tous les media qui ont relayé la nouvelle, effacée trop rapidement, sur base des infos disponibles.
Nous restons bien entendu mobilisés pour vous donner plus de détails dans les prochaines heures, en nous assurant de recueillir celle-ci auprès des sources autorisées.
Même réaction aux Pays-Bas
Même son de cloche aux Pays-Bas où les marques, à travers la FNLI (Federatie Nederlandse Levensmiddelenindustrie), le pendant néerlandais du BABM, a introduit une plainte auprès du Stuurgroep Eerlijke Handelspraktijken, ainsi que le confirmait le quotidien économique Het Financieele Dagblad. Ce qui tendrait à prouver que face à des distributeurs qui cherchent à tirer parti de leur nouvelle puissance transnationale, les grandes marques n'ont pas tardé elles non plus à harmoniser leur discours et leurs tactiques.