Il n'entre pas dans nos habitudes de commenter les papiers de nos confrères. Mais plusieurs de nos lecteurs ont interrogé la rédaction de Gondola sur son interprétation de différents échos de presse parus ce 22 avril, sous des titres assez spectaculaires:"Carrefour va-t-il se retirer de Belgique" ou "Wuift Carrefour bye bye Belgium?". Il nous a semblé difficile de ne pas leur livrer notre mise en perspective. Que voici.
Ces échos de presse trouvent leur source dans une spéculation issue des analystes financiers d'ING, relayée par quelques media boursiers français le 17 avril dernier. Depuis l'arrivée toute récente de Georges Plassat à la tête du N°2 mondial de la grande distribution, toutes les rédactions économiques françaises tâchent d'élaborer les différents scénarios que le successeur de Lars Olofsson pourrait mettre en place pour rendre du tonus à son groupe, et par là même calmer l'impatience de ses actionnaires déçus. Aucune n'est pour autant jusqu'ici allée jusqu'à lire dans les pensées de Georges Plassat et pronostiquer avec autant de précision le retrait, évoqué par ING, de marchés tels que l'Argentine, l'Italie, la Malaisie, la Pologne, la Roumanie, Taiwan et la Turquie. Notons de surcroît que ces mêmes analystes d'ING ne mentionnaient la Belgique et la Grèce que dans un deuxième groupe de marchés éventuellement délaissés par Carrefour. Ce qui ajoute déjà au conditionnel qu'il convient d'employer lorsqu'il s'agit d'évoquer un retrait de notre marché. Il n'est pas non plus certain que les analystes d'ING connaissent tous les tenants et aboutissants du dossier belge, en ce compris les engagements pris et réaffirmés par le groupe.
On notera enfin que ces articles lient cette hypothèse (restant largement à confirmer) à un intérêt potentiel de Ahold (Albert Heijn) pour la reprise du parc Carrefour Belgium. Ce qui reste une lecture malgré tout hautement spéculative. En superposant les hypothèses aux spéculations, on peut très bien en effet se poser des tas de questions, et sur bien des entreprises. Pour répondre de façon claire aux lecteurs qui nous ont posé la question, nous ne pouvons nous placer que sur le plan des faits. Et, aujourd'hui, rien de concret, pas même un bruit de couloir (nous l'avons vérifié auprès d'un confrère français d'ordinaire très bien informé) ne nous invite à envisager le scénario d'un retrait de Belgique imminent. Que des désengagements de certains marchés puissent être étudiés, voilà qui est bien possible. Qu'un retrait du marché belge soit facile, nous nous permettons déjà d'en douter. Il est en revanche un sujet sur lequel nous n'avons aucun doute: Gérard Lavinay a du pousser un profond soupir d'exaspération en voyant qu'en dépit de ses démentis fermement répétés depuis des années, le marronnier du départ venait à nouveau de refleurir au printemps.