La feuille de route présentée par Georges Plassat révélait en effet quelques ruptures de choc: suppression de la dénomination "planet" / adoption de "Carrefour" pour la totalité des hypers de la chaîne et substitution de "Carrefour" par le logo devant express, city (l'équivalent français de nos express) et market. Ce sont ces changements qui sont en passe d'être traduits au sein de Carrefour Belgique, tout au moins dans l'esprit. Il est déjà acquis que la signature "planet" va disparaître, "Carrefour" en toutes lettres (re)devenant le seul synonyme d'hypermarché. L'essentiel est bien que le parc de d'hypers belge ait entretemps pu bénéficier de la cure de jouvence qu'a représenté pour lui le mega-projet de Lars Olofsson.
Le temps faisant son oeuvre, nous avons sélectionné pour vous quelques extraits de l'article paru dans le Gondola Magazine de septembre 2012. Morceaux choisis:
"On le savait déjà: Georges Plassat n'était pas un fan du concept Carrefour planet, son développement ayant été arrêté, à l'exception de la... Belgique. Où une remise à niveau des hypers était sans doute bien plus critique qu'ailleurs. Et où son arrivée a fait un bien fou à la filiale belge. Mais de façon globale, Carrefour planet est un concept coûteux à mettre en place. Et puis Georges Plassat est un pragmatique qui se méfie de toute sophistication conceptuelle superflue. A tel point qu'il désavoue la segmentation à laquelle Carrefour a consacré tant d'efforts au cours des dernières années: express (city, en France), market, hyper, planet. Ce n'est pas tant la définition de la mission impartie à chaque format respectif qu'il critique. C'est la volonté d'avoir voulu abriter chacun de ceux-ci sous une enseigne Carrefour. "Mettre le nom Carrefour sur tous nos magasins, quelle que soit leur taille, a été une erreur. (...) L'enseigne du magasin doit permettre au client de comprendre immédiatement ce qu'il va y trouver en termes d'offre, de services et de prix. Mettre le nom Carrefour sur tous nos magasins, quelle que soit leur taille, a été une erreur." confirme-t-il. Pour Georges Plassat, tout commence avec l'enseigne, chargée d'exprimer au client une vision très claire du type de produits ou services qu'il peut y attendre à l'intérieur. A l'entendre, la conversion de réseaux tels que Champion vers Carrefour Market a été une erreur, puisqu'elle a gommé un peu de la légitimité que l'enseigne précédente pouvait revendiquer sur son format. Pas question pourtant de ressusciter Champion pour autant, ce qui devrait partiellement rassurer chez nous le Groupe Mestdagh engagé dans un mouvement accéléré en sens inverse ! Et non, ce n'est pas non plus l'heure de ressortir chez nous la boule rouge de GB. D'autant que si l'on peut comprendre le raisonnement de fond de Georges Plassat, il faut aussi reconnaître que, dans le cas de la Belgique, l'alignement du réseau belge sur les enseignes Carrefour actuelles a au moins eu le mérite d'apporter de la cohérence dans ce qui constituait jusqu'alors une véritable usine à gaz." (...)
"Quel avenir alors pour l'identité des enseignes de proximité ("express" en Belgique, "city" en France ) et supermarché ("market")? Il se prépare déjà en test, puisque trois nouveaux magasins français, obéissant à la nouvelle mouture du concept - baptisée "V3" en interne - ont maintenu sur la façade le pictogramme du groupe, le prénom ("market"), mais ont purement et simplement démonté le nom Carrefour! Radical...
Le mot "Carrefour", Georges Plassat semble vouloir le réserver à l'avenir aux hypers, à tous les hypers. Y compris les fameux "planet" avec lesquels son prédécesseur entendait "réenchanter l'hyper". Un héritage que Georges Plassat exécute avec une pointe de cruauté:
"Planet a été présenté comme un voyage cosmique", les collaborateurs "en sont revenus par le TGV (...), il disparaît de sa belle mort". Carrefour, et juste Carrefour, ce seront les hypers, et seulement les hypers. "Le nom de Carrefour se suffit à lui-même. Pas besoin d'ajouter un prénom pour ce format que nous avons inventé.""