C'est un nouveau coup de théâtre pour le marché belge : Colruyt Group reprend 57 magasins sous enseigne Match et Smatch appartenant au groupe louis delhaize. Ceci correspond à 50 magasins intégrés et à 7 magasins exploités en franchise. Pour la centrale et les 27 magasins restants, l'avenir paraît compromis.
On savait parfaitement que le Groupe louis delhaize cherchait une issue pour Match et Smatch en Belgique. Après avoir cédé Cora Roumanie (profitable) à Carrefour, Cora et Match France également à Carrefour, et Cora et Match Luxembourg à E. Leclerc, on se doutait bien que la famille Bouriez voudrait également se désengager en Belgique. Et récemment, des rumeurs venues des fournisseurs avaient circulé, évoquant un retard mis à passer les commandes pour les assortiments de fêtes nous avaient mis la puce à l'oreille : quelque chose se préparait. L'enseigne se débattait notoirement dans de grosses difficultés, que le communiqué qu'elle vient de transmettre rappelle encore : "En 2019, Match SA (Match) et Profi SA (Smatch), en proie à des difficultés économiques majeures, ont dû recourir à un premier plan social qui a entraîné la fermeture de 15 magasins. Peu après, la crise sanitaire a entraîné une embellie temporaire des résultats. Cependant, le retour à une situation sanitaire normalisée en 2021 s’est traduit par un nouveau résultat net négatif. Face à cette situation et afin d’enrayer les pertes récurrentes, plusieurs plans d’action et projets ont été mis en place mais l’inflation, l’augmentation du prix de l’énergie et l’indexation des salaires n'ont pas permis aux entreprises d’atteindre un retour à l’équilibre financier en 2022 et en 2023. En particulier, les plans de relance précédents n’ont pas porté leurs fruits et initier d’autres plans de relance nécessiterait des financements complémentaires pour lesquels Match et Smatch ne disposent que de trop peu de perspectives concrètes à ce stade."
Céder Match, mais à qui ? On ne se bouscule pas pour reprendre une enseigne en difficulté. Nous avions pourtant posé la question à Jef Colruyt en personne, voici un peu plus d'un an. Et celui-ci avait répondu que ce n'était pas la politique de Colruyt de reprendre en bloc un concurrent, les cultures d'entreprises n'étant pas forcément compatibles. Mais que reprendre des magasins au cas par cas, pourquoi pas…
Cette fois, Colruyt a pourtant été un peu plus loin que cette attitude de grande prudence, et c'est logique, dans un marché où les concurrents prennent des décisions très tranchées. Le groupe va donc reprendre 50 magasins intégrés et se voir transférer les contrats de 7 de ses magasins franchisés, ainsi que l’intégralité des 1 069 employés de ces magasins. Bien entendu, cette reprise ne sera pas effective avant 2024, ni avant les procédures de consultation du personnel (un CE extraordinaire est en cours) et l'accord de l'Autorité de la concurrence.
Tout le parc Match et Smatch n'est pas sauvé, comme le confirme le communiqué : 27 magasins restent en plan, et si le groupe louis delhaize dit toujours "mener plusieurs négociations et garder des options ouvertes", on a le droit d'être inquiet. Il n'y a pas que les magasins : il ya bien entendu la centrale et l'outil logistique, qui va devenir redondant avec celui de Colruyt. Qui reprend en effet, fidèle à sa philosophie, des points de vente mais pas toute une entreprise. La direction a donc annoncé ce matin en Conseil d’Entreprise Extraordinaire son intention de recourir à une procédure de licenciement collectif pour la centrale, les entrepôts et pour les magasins qui pourraient ne pas retrouver de repreneur. 690 personnes sont concernées.