Grande distribution : le manque de personnel provoque des tensions
Trois supermarchés Delhaize n’ont pas ouvert leurs portes vendredi dernier. Le mouvement de grève, couvert par le syndicat socialiste SETCa (BBTK), avait pour but de protester contre un manque récurrent de personnel. Un problème qui génère également des tensions chez d'autres distributeurs comme Carrefour ou Colruyt.
« En ce moment, le climat social est tendu chez Delhaize. Mais des tensions, il y en a un peu partout dans la grande distribution », explique Myriam Delmée, présidente du SETCa, qui cite notamment Carrefour ou Colruyt. La semaine dernière, des arrêts de travail ont en effet également eu lieu les magasins Carrefour de Waterloo et Mont-Saint-Jean. Là aussi, le manque de bras était pointé du doigt. « La raison principale est à chercher dans les résultats de 2022, moins bons que ceux des deux années précédentes, à cause de l’inflation notamment. Cela signifie donc moins de rentrées pour les enseignes, qui par conséquent engagent moins de personnel. Et la pression augmente sur les autres travailleurs. Sans oublier que cette situation arrive après deux années de crise sanitaire particulièrement éprouvantes pour le personnel des supermarchés », rappelle la responsable syndicale. « À un moment, c’est normal qu’il y ait une soupape qui saute. »
« Des arrêts de travail spontanés ne sont pas exclus »
Pour rappel, Delhaize a procédé en 2014 à une grande restructuration qui a entrainé le licenciement de quelque 2.000 employés. Afin de compenser les départs, une nouvelle organisation du travail plus efficace devait être mise en place. C’est sur cette base que le SETCa a signé en 2018 une convention collective de travail avec la direction. À l’époque, les autres organisations syndicales s’étaient abstenues. Mais dernièrement, le syndicat socialiste a dénoncé cette convention collective au motif que Delhaize n’aurait pas respecté les accords conclus. « L’arrivée du covid a rendu difficile la mise en œuvre de la nouvelle organisation et de ses effets. Nous nous sommes donc montrés patients », estime Myriam Delmée. « Mais maintenant que le plus fort de la crise sanitaire est derrière nous, nous considérons que Delhaize ne fait pas suffisamment d’efforts pour la mettre en place comme convenu, notamment en ce qui concerne les postes qui nécessitent de l’expertise. Résultat, le travail en l’état actuel des choses est ingérable pour le personnel. »
La suite du programme ? « Des réunions avec la direction sont prévues les 7 et 21 juin prochains, mais des arrêts de travail spontanés ne sont pas exclus d’ici là », prévient encore la présidente du SETCa. « Ensuite, nous aurons jusqu’à la fin de l’été pour aboutir à une solution, date à laquelle le préavis de 6 mois relatif à la rupture de la convention collective de travail prendra fin. Si ce n’est pas le cas, nous reviendrons alors à l’organisation du travail qui était en place avant cela. » Contacté par nos soins, Delhaize n’a pas souhaité s’épancher sur le sujet dans la presse. « Nous préférons avancer dans des discussions constructives avec nos collaborateurs et les syndicats », a fait savoir Karima Ghozzi, porte-parole de l’enseigne.