Coup de tonnerre dans le poulailler: le tribunal de commerce de Quimper a enregistré jeudi soir une "déclaration de cessation de paiement" du groupe volailler Doux. Et une décision du tribunal est attendue ce vendredi 1er juin dans l'après-midi. Le gouvernement français suit le dossier de près et semble vouloir éviter à tout prix un dépôt de bilan.
Le Groupe Doux, N°2 européen de la volaille, est une enterprise familiale (80% du capital est détenu par son president Charles Doux, le solde appartenant à BNP Paribas). Elle occupe 10.000 personnes et est bien connue à travers ses marques Père Dodu ou Cordon Bleu. Le Groupe Doux, c'est un chiffre d'affaires d'1,4 milliard d'euros, mais aussi une dette monstrueuse de 437 millions d’euros, dont 200 millions pour la seule branche brésilienne du groupe. En s'implantant au Brésil à la fin des années '90, Doux comptait en faire une tête de pont pour s'attaquer au marché sud-américain. Mais sa filiale locale, Frangosul, a accumulé les mauvaises performances, jusqu'à tomber en faillite. L'outil industriel de Frangosul (une douzaine d’usines dans le sud du Brésil) va être repris par JBS, groupe brésilien numéro un mondial de la viande bovine. Mais celui-ci n'assumera pas le passif de Doux: JBS se contente de "louer" l'outil.
Face à cette situation critique, la famille Doux a repris les commandes, en remplaçant le Directeur Général Guy Odri par Jean-Charles Doux, et a entrepris des discussions avec le principal créancier, la banque Barclays. Mais la situation se dégradait visiblement, les syndicats agricoles se plaignant de retards de paiement envers les éleveurs allant de 60 à 150 jours. L'hypothèse d'un éventuel dépôt de bilan serait un rude choc pour la Bretagne, où le Groupe Doux est un important pourvoyeur d'emploi direct et indirect. Ce dossier est dès lors la première situation de crise rencontrée par le gouvernement formé en France par M. Ayrault. Si le dépôt de bilan devait être avéré, tous les regards se porteraient probablement vets LDC, le leader européen, français lui aussi (marques: Le Gaulois, Poulets de Loué, Maître Coq, Marie). LDC se refuse en l'état actuel à commenter les difficultés de son concurrent ou évoquer un scénario de reprise.
Update: Le groupe Doux a été placé, ce vendredi 1er juin, en redressement judiciaire pour une durée de six mois. Le gouvernement regrette une décision personnelle du dirigeant. Un administrateur judiciaire a été nommé. Il assistera la direction dans la mise au point d'un plan de continuation en France qui privilégiera l'emploi et la pérennité de l'entreprise. Un comité central d'entreprise est prévu mardi 5 juin.