Danone s’apprêtait à céder sa filiale russe à un acteur local, mais les autorités russes lui ont coupé l’herbe sous le pied en la plaçant sous le contrôle de l’administration.
Mauvaise surprise pour Danone, confrontée à l’épineux dossier russe. Maintenir sa marque ou son enseigne en Russie, c’est aussitôt s’exposer à la critique en Occident, où l’on vous reprochera de composer avec les principes par pur intérêt. Mais tenter de se dégager du pays n’est pas un exercice sans risque. Danone l’apprend aujourd’hui à ses dépens. Le groupe avait annoncé en octobre vouloir céder sa filiale à un industriel agro-alimentaire local, en protégeant de la sorte les emplois des 7200 collaborateurs russes. L’identité de ce candidat repreneur devait être révélé ce jeudi 20 juillet. Mais un décret pris par Vladimir Poutine vient de placer «temporairement» la majorité des actions de la filiale de Danone sous le contrôle de l’agence fédérale Rosimushchestvo.
Cette mise sous contrôle bloque le processus de cession souhaité par le groupe laitier, qui y exploite 13 usines, et y réalisait, en 1922, 6 % de son chiffre d’affaires. Cette décision du pouvoir russe peut bien entendu être vue comme une rétorsion du Kremlin face aux sanctions prises par les occidentaux suite à l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes. Mais il se dit aussi que le Ministre de l’agriculture, Dmitri Patrouchev, n’approuve pas le choix du candidat repreneur voulu par Danone, et préférerait y substituer un réseau d’entreprises qu’il contrôle indirectement. Dmitri Patrouchev est le fils de Nikolaï Patrouchev, mentor de Poutine et homme fort du régime, discret mais influent.
La Russie a considérablement durci les conditions de désengagement des groupes occidentaux. Les actifs doivent être cédés avec une décote par rapport à la valeur de marché de plus de 50 % , et une taxe de 5 % s’applique sur les capitaux retirés par les sociétés étrangères. Dans son communiqué, Danone se contente d’expliquer que la décision russe n’aura pas d’impact sur ses résultats financiers, puisqu’une provision d’1 milliard d’euros avait déjà été inscrite au dernier bilan.
“Danone a pris acte du décret des autorités russes qui vise à placer Danone Russie sous administration externe temporaire par les autorités russes" explique le communiqué du groupe laitier. "Danone étudie actuellement la situation. Le 14 octobre 2022, Danone a lancé un processus de transfert du contrôle de ses activités EDP en Russie, qui progressait de manière conforme au calendrier prévu. Danone se prépare à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger ses droits en tant qu’actionnaire de Danone Russie, et pour assurer la continuité des opérations de l’entreprise dans l'intérêt de toutes les parties prenantes, et en particulier de ses salariés. Cette décision n’a pas d’impact sur les objectifs financiers de Danone pour l’année 2023.”