Caddie, l’entreprise française derrière l’invention du chariot de supermarché, est en cessation de paiement et s’apprête à être placée en redressement judiciaire. Une procédure déjà traversée par le fabricant alsacien en 2012 et 2014. Ce mardi, son CEO a annoncé être à la recherche d'un repreneur.
Si le terme anglais désigne initialement la personne qui porte les clubs d'un joueur de golf, le mot ‘Caddie’ - avec une majuscule car il s’agit d’une marque déposée - est passé dans le langage courant francophone en tant que synonyme du charriot de supermarché au tournant des années 1960, principalement en France et en Belgique. Et pour cause, puisqu’il s’agit de l’invention d’une entreprise alsacienne qui a rapidement connu un véritable boom dans le sillage de l’avènement de la société de consommation. Mais après des décennies fastes, les temps sont devenus durs pour cette société fondée en 1928 sous le nom ‘Ateliers Réunis’, avant d’être rebaptisée ‘Ateliers Réunis Caddie’. Aujourd’hui en cessation de paiement, son personnel attend toujours le versement des salaires du mois de décembre. Une audience devait avoir lieu dans la matinée devant la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Saverne, dans le département du Bas-Rhin, pour déterminer les conditions de sa mise en redressement judiciaire. Le CEO du groupe, Stéphane Dedieu, a toutefois tenté de se montrer rassurant et a annoncé être à la recherche d'un repreneur. « À ce jour, il n'y a personne qui se soit manifesté, mais on est juste au tout début de la procédure et pour moi il est évident qu'une belle maison comme Caddie va forcément attirer un industriel », a-t-il affirmé à la radio française RMC.
Concurrence et crise sanitaire
Si Stéphane Dedieu reste convaincu que le Caddie de supermarché demeure un produit nécessaire, et ce malgré les changements d’habitudes de consommation, son groupe doit néanmoins faire face depuis des années à une forte concurrence venue principalement d'Asie. Au cours de la dernière décennie, l’entreprise basée à Dettwiller, en Alsace, a connu deux redressements judiciaires, en 2012 et 2014, et a vu le polonais Damix lui racheter 70% de ses parts en 2018. Durant cette même période, le nombre de ses salariés est passé de 1.000 à 140. Et pour ne rien arranger, la crise du Covid a également apporté son lot de difficultés. La hausse du prix des matières premières et les difficultés d'approvisionnement ont épuisé sa trésorerie, tandis qu’un cluster de contaminations a perturbé sa production. Entre 2019 et 2020, son chiffre d'affaires a affiché un net recul, passant de 22 à 17 millions d'euros. En 2011, celui-ci se montait encore à 85 millions.
En Belgique, l’entreprise française compte notamment Delhaize parmi ses clients. « Nous travaillons avec deux fournisseurs, dont le groupe Caddie qui fabrique nos chariots à deux étages », nous a confirmé Karima Ghozzi, porte-parole francophone de la chaine de supermarché, qui précise que cette collaboration existe depuis environ 10 ans.
