Vincent Nolf (Metro) : « Notre offre se focalise sur les collaborateurs, les clients et les fournisseurs »
L'offre soumise par Vincent Nolf, CEO de Makro Cash & Carry Belgium, pour la reprise des magasins Metro comprend une garantie d'emploi de trois ans pour le personnel, affirme-t-il ce mardi. Suffisant pour concurrencer l’offre de Sligro, qui avoisinerait les 55 millions d’euros ?
Vendredi dernier, nous apprenions qu’il n’y aurait pas de miracle pour Makro, la surprenante offre transmise par une mystérieuse entreprise française ayant été jugée irrecevable par les curateurs de Makro Cash & Carry Belgium. Les nouvelles étaient en revanche nettement meilleures pour les magasins Metro, pour lesquelles plusieurs offres ont été formulées et prises en considération par la justice. Parmi celles-ci, la proposition du grossiste néerlandais Sligro - environ 55 millions d’euros, reprise de 10 des 11 magasins de la chaîne en Belgique et quelque 500 emplois sauvés, selon différents échos - tiendrait la corde. Toutefois, une autre offre a également attiré l’attention ces dernières semaines : celle de Vincent Nolf, actuel CEO de Makro Cash & Carry Belgium, épaulé par plusieurs partenaires. Parfois qualifiée de « symbolique », cette proposition s’élèverait selon certaines sources à moins d’un million d’euros... Elle dispose toutefois comme argument principal d’être assortie d’une garantie d’emploi d’une durée de trois ans pour le personnel repris, à savoir plus de 600 employés.
« L'offre de Sligro est faible sur le volet des collaborateurs et des clients »
« Il y a énormément de propagande autour de l'offre de Sligro, une offre qui représente beaucoup d'argent, mais qui est très faible, ou en tous cas plus faible que la nôtre, sur le volet des collaborateurs et des clients », nous a déclaré Vincent Nolf ce mardi, en soulignant la distinction qu’il tient à faire entre sa casquette de CEO et celle de candidat repreneur. « Nous avons remis une offre, pour un montant que je ne souhaite pas commenter, mais qui est une offre qui se focalise d'une part sur l’intérêt des collaborateurs de Metro et d'autre part sur l'intérêt des clients de l’enseigne, sans oublier ses fournisseurs. Par ailleurs, nous donnons une garantie d'emploi et à ma connaissance, il n'y a rien à ce niveau-là du côté de Sligro. »
Concernant les collaborateurs, l’offre de Vincent Nolf inclut en effet la reprise de plus de 600 collaborateurs, avec une garantie d'emploi de trois ans. « Dans notre offre, il est stipulé qu'il n'y aura aucun risque de baisse de l'emploi dans les trois années à venir », nous assure-t-il. « Et nous valorisons cet aspect à hauteur de 20 à 50 millions d'euros, selon la manière dont le calcul est effectué. » Ce calcul est le suivant : « Selon les informations qui ont filtré dans la presse, nous allons reprendre environ 250 personnes de plus que Sligro, avec un salaire moyen et donc un coût employeur de 65.000 euros par employé, le tout sur trois ans, ce qui représente près de 50 millions d’euros. Et ce, uniquement sur base du différentiel de personnel. » Concernant les clients, le CEO et candidat repreneur fait valoir le fait que ces derniers sont inquiets de voir le numéro 2 du secteur racheter le numéro 1, et que cela se traduise in fine par une situation de concentration et des prix en hausse. « Si demain Sligro rachète Metro, les clients n'auront plus le choix. Et si en plus les prix sont alignés sur ceux de Sligro, qui sont significativement plus élevés que chez Metro, cela aura une incidence immédiate sur la rentabilité des exploitants horeca, ce qui n'est évidemment pas souhaitable vu le contexte actuel. » Enfin, Vincent Nolf se fait également le relais des craintes des fournisseurs belges et/ou de moyenne taille qui, selon lui, redoutent que les achats soient à l'avenir centralisés aux Pays-Bas, avec à la clé des pertes de contrats et des incidences sur l’emploi.
Un fort soutien ?
Selon l’actuel CEO de Makro Cash & Carry Belgium, son offre jouirait par conséquent d’un fort soutien de la part des acteurs précités. « J'ose dire que près de 100% des employés de Metro sont derrière notre projet, notamment au travers de pétitions d'initiative locale. » D’après lui, 2.500 clients des magasins de la chaîne auraient également signé une pétition en faveur de son offre et des fournisseurs lui auraient exprimé leur soutien au travers de lettres. Des propos qui contrastent néanmoins avec les déclarations syndicales relayées par De Tijd : « Ces dernières semaines, les employés de Metro ont subi des pressions pour signer une pétition afin de convaincre le tribunal que les employés défendaient Nolf (…) L'histoire de David et Goliath est une belle histoire, mais le personnel a droit à la vérité et la direction actuelle devrait arrêter de lui raconter des contes de fées. » À cela, Vincent Nolf rétorque qu’il « comprend » ces réactions, mais il assure que celles-ci sont surtout liées à la situation « très triste » de Makro et de ses 1.400 employés. « Les syndicats représentent majoritairement les collaborateurs de Makro et s'expriment donc majoritairement en faveur de ces derniers. Mais cela ne représente pas nécessairement l'avis des syndicats pour la partie relative à Metro et cela ne représente en aucun cas l'avis des collaborateurs qui, eux, veulent continuer avec Metro et avec une sécurité d'emploi qu'ils n'auraient pas avec Sligro. »
Reste à savoir si le tribunal de l'Entreprise d'Anvers se montrera sensible à ces arguments. La justice doit normalement donner la préséance à l’offre la plus élevée. Néanmoins, dans le cas où deux offres sont jugées similaires, celle qui garantit le mieux le maintien de l'emploi doit l’emporter. Le tribunal se réunira le 2 décembre prochain pour entendre les différentes parties. Une décision suivra, vraisemblablement dans le courant du mois.