Depuis l’introduction de la hausse des accises sur l’alcool dans le cadre du tax shift, de nombreux acteurs du secteur ont fait entendre leurs voix. Les craintes qui se sont fait entendre semblent s’être vues confirmées par les chiffres. Les attentes du gouvernement envers cette mesure semblant en effet loin d’être atteintes. Fait rare: le ministre des Finances semble ouvert à une possible révision des taux d’accises… Une information de nos confrères de La Capitale.
La hausse des accises sur les boissons alcoolisées devait permettre, sur le total de l'année, de récolter 220 millions d’euros supplémentaires par rapport à 2015. Selon Sudpresse, entre janvier et octobre, le gain était estimé à 183,33 millions d’euros. Or la mesure n’a rapporté que 66,8 millions d’euros, soit 116,52 millions d’euros de moins qu’escompté. Dans le secteur, nombreuses sont les organisations et les marques à avoir très tôt tiré la sonnette d’alarme, évoquant un glissement vers davantage d'achats transfrontaliers. C’est le cas du SNI qui évoquait une baisse de 14% des ventes de boissons alcoolisées entre novembre 2015 et mars 2016, et une recrudescence du nombre de vols à l’étalage. Alors que Diageo annonçait avoir stoppé la croissance de l’emploi en Belgique expliquant que les « conséquences de la hausse des accises sont dramatiques », la Fevia et la FIEB appelaient le gouvernement à mettre le holà sur les taxes de manière plus générale.
Une révision possible?
Toutes ces mises en garde auraient-elles été entendues? A la Chambre, en réponse à une question écrite du député Ahmed Laaouej (PS), le Ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) a indiqué que l’objectif de cette mesure était de réaliser les objectifs budgétaires tout en s’assurant de la viabilité économique du secteur. Le Ministre poursuit alors en indiquant qu’elle fait l’objet d’une surveillance mensuelle en vue d’examiner son impact sur les volumes et les recettes des boissons alcoolisées. « Cette étude permettra d’établir si une révision des taux d’accises est nécessaire ou non » précise-t-il enfin.
Vinum Et Spiritus: « perte sèche de plus de 3 millions d’euros »
Contacté par nos soins, Geert Van Leberghe, Directeur Général de Vinum Et Spiritus a tenu à réagir sur cette actualité: « Depuis le début de l’année, Vinum Et Spiritus suit l’évolution des recettes d’accises et tva. Nous pouvons dès lors confirmer les conclusions publiées dans Sudpresse ce matin. Toutefois, il y a lieu de les compléter par les pertes en recettes tva de 70 millions d’euros, ce qui transforme le parcours budgétaire au niveau des recettes accises et tva sur les boissons alcoolisées en perte sèche de plus de 3 millions d’euros.
Le secteur apprécie la volonté et le courage du Ministre des Finances de remédier à une situation qui s’avère contreproductive tant pour le gouvernement (qui doit faire face aux exigences budgétaires de l’UE) que pour le client et le secteur (qui risque de perdre des centaines d’emplois).
Nous partageons également la position selon laquelle la mesure était destinée à réaliser les objectifs budgétaires, et non pas à remédier aux situations d’abus d’alcool. La baisse des taux d’accises sur l’alcool devrait doucement permettre de convaincre le consommateur belge de réaliser ses achats en Belgique plutôt qu’à l’étranger, sans pour autant faire augmenter la consommation d’alcool en tant que telle. Cette mesure permettrait également un meilleur contrôle sur les ventes et la consommation d’alcool et éviterait la prolifération de l’alcool de contrebande dont tout le monde, vu sa qualité inférieur, sait qu’il est nocif pour la santé.
Il n’y a vraiment plus de raison de maintenir les taux au niveau actuel. Mais toujours est-il que la baisse des taux d’accises sur les boissons alcoolisées n’est pas encore effective et qu’une décision du gouvernement s’impose. La fin de l’année et la période festive approchent. Pour qu’à la fois le gouvernement et le secteur puissent en bénéficier, il faudrait que la décision intervienne dans le plus brefs délais.»