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Alors que tout le monde réfléchit à l'impact de la victoire électorale de Donald Trump sur les États-Unis et le reste du monde, Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola, se penche sur l'impact de cette victoire sur le retail, les biens de consommation et la consommation dans sa globalité.
L'instabilité. Tel sera le fil conducteur du nouveau mandat de Donald Trump. L'Amérique du Nord représentait environ 27 milliards de dollars d'exportations de la Belgique en 2023. Nous exportons principalement des machines, des produits pharmaceutiques et des produits alimentaires, ces derniers représentant environ 12 % des exportations totales de marchandises de la Belgique. Mais la Belgique est bilatéralement un importateur net de produits alimentaires américains (tabac, riz, céréales...) pour un montant de 762 millions de dollars. Ces produits sont principalement des produits commerciaux et servent à la production orientée vers l'exportation ou au commerce en général. On estime que seuls 3 % de tous les produits de consommation sont fabriqués aux États-Unis. Pour les détaillants opérant en Belgique, les réactions possibles de l'Europe aux droits de douane américains (près de 15 % aujourd'hui) semblent être un paramètre particulièrement important. Pour l'agriculture, l'isolationnisme émergent peut sembler jouer en notre faveur, car les marchés d'exportation vont ralentir. Mais notre agriculture est trop dépendante des exportations internationales et du rôle qu'y joue l'industrie alimentaire. L'industrie alimentaire belge importe massivement des matières premières, en particulier des produits laitiers, des céréales et des huiles, ce qui représente environ 60 % du total des matières premières. Le rôle mondial du dollar en tant que monnaie aura un impact direct sur les producteurs alimentaires belges. Des analystes tels que Tom Simonts (KBC) s'attendent à une poursuite de l'inflation en Amérique, avec un affaiblissement possible du dollar, ce qui pourrait soutenir nos importations. En d'autres termes, les temps ne sont pas favorables à Joe Sixpack, en raison de la hausse des prix à la consommation aux États-Unis.
Dans notre pays en particulier, le pouvoir de décision des multinationales continuera à disparaître. Cette évolution est déjà amorcée depuis un certain temps en raison de l'instabilité fiscale et de la disparition des centres de décision économiques en Belgique. Les entreprises internationales du secteur de l'alimentation et de la consommation continueront d'opérer à l'échelle mondiale, mais principalement à partir des régions, et seront désignées de manière moins globale. On le voit déjà aujourd'hui dans les organisations de Kellog's, Kellanova, Mars, P&G, ... qui opèrent dans des structures matricielles en Belgique, mais qui n'ont plus de CEO ou de directeur général ici. Il devient donc très difficile de créer des initiatives de santé ou des plans à long terme en Belgique avec les grandes multinationales sur la durabilité, la santé ou l'impact social. La Belgique est devenue un pays de consommateurs, sans pouvoir de décision. De nombreuses multinationales ou marques américaines ont des sites de production en Europe. Pensez à Coca-Cola, Kellog's, Mars, Mondelez, ... Nous ne sommes pas complètement dépendants des entreprises et marques alimentaires américaines, mais nous sommes interdépendants. Cette distinction subtile signifie que ces multinationales opèrent par région, mais aussi que la Belgique aura encore moins son mot à dire à l'avenir en ce qui concerne la politique alimentaire mondiale et l'impact des multinationales sur notre consommation alimentaire nationale, peu importe à quel point nos politiciens belges et flamands veulent les contredire. Dans l'ensemble, il semble particulièrement probable que l'inflation des produits de consommation et des produits alimentaires continuera à augmenter, y compris en Belgique. Rien ne permet aujourd'hui de prétendre le contraire : ni monétaire (vu la masse monétaire en circulation), ni fiscal, ni économique, ni...politique, du fait de l'instabilité du nouveau président américain.
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