Le groupe Carrefour a annoncé aujourd'hui une baisse de 14,3% de son bénéfice en 2011 (à 371 millions d'euros), au terme d'une année à la fois difficile à l'échelle internationale... et plutôt encourageante pour sa filiale belge. L'annonce la plus spectaculaire est probablement celle de la suspension du déploiement du concept Carrefour Planet dans les hypermarchés européens. Carrefour Planet serait-il un échec? Il faut nuancer ce jugement. Les 81 magasins européens convertis à la fin 2011 enregistrent bel et bien des performances supérieures aux autres. Mais cette performance n'est pas pour autant homogène, et les magasins du sud (Espagne, France) affichent un bilan plutôt moins favorable que la moyenne.
La rumeur de la suspension du déploiement de Carrefour Planet circulait déjà depuis un bon moment, et était même remontée jusqu'à nous depuis la base. Ce qui nous avait conduit voici une semaine à demander à Carrefour Belgique quel serait le sort des hypermarchés belges devant encore être convertis. C'est Gérard Lavinay en personne qui, au cours d'un entretien informel, nous a rassurés sur la poursuite de ce plan de déploiement. Du reste, sur les douze magasins concernés par cette refonte, neuf ont déjà été convertis à ce jour. Mieux: les chantiers entrepris pour transformer ces trois derniers magasins ne sont pas remis en cause. La Belgique représente donc, dans le Groupe Carrefour, une heureuse exception sur ce point. Un indice très favorable du résultat très positif de la greffe du concept Planet sur le parc des plus grands hypermarchés belges, qui en avaient bien besoin. Si Carrefour Belgium ne fournit pas d'éléments chiffrés, il apparaît néanmoins que tous les Carrefour Planet belges ont vu leur chiffre d'affaires dopés par le nouveau concept. Et, plus important encore, que peu après leur (ré)ouverture, la plupart d'entre eux ont trouvé le chemin de la rentabilité.
Pourquoi le Groupe Carrefour suspend-il le déploiement de Carrefour Planet? La raison est peut-être bien plus financière que commerciale. Carrefour Planet est un concept extrêmement séduisant, mais aussi très coûteux. Son déploiement mobilise des investissements très importants. Et c'est sans doute là que le chantier prioritaire lancé par Lars Olofsson s'est pris de plein fouet la tempête qui secoue l'économie mondiale. Elle touche bien sûr les finances publiques des états, sévèrement observés par les agences de notation, et les oblige à mener des politiques budgétaires très rigoureuses. Le même phénomène touche les grandes entreprises internationales, elles aussi observées par les analystes financiers. L'heure n'est pas aux grands projets d'investissement, mais bien au serrage de boulons des budgets. Ceci vaut pour tous les grands acteurs du retail mondial. Et dans bien des états-majors de distributeurs belges, on s'astreint à une grande discipline, quitte à mettre en veilleuse certains projets gourmands en capital. Il en va de même chez Carrefour. Mais nous pouvons pourtant confirmer qu'en dépit de ce contexte, Carrefour Belgium parachèvera bien en 2012 la conversion de son parc Carrefour Planet conformément à son plan initial.