Sogepa, le gouvernement wallon et Louis Verbist rendront leur verdict ce jeudi 17 mai. C’est en effet à cette date qu’ils décideront qui de la demi-douzaine de candidatures reçues pour la reprise des abattoirs de Bastogne et de Rochefort sera l’heureux élu. Une information de L'Echo.
Rappel des faits
Pour rappel, fin du mois de septembre 2016, l’Afsca se voyait contactée par les autorités du Kosovo au sujet d’irrégularités dans un envoi de viande congelée venue de l’atelier Veviba (Verbist) de Bastogne contrôlé à la frontière lors de l’entrée dans le pays. Ces irrégularités concernaient une fraude relative à l’étiquetage. Après plusieurs contrôles et après avoir transmis le dossier aux autorités judiciaires belges, deux perquisitions organisées par le juge d’instruction ont eu lieu les 28 février et 1er mars 2018. Lors de la première, plusieurs irrégularités ont été constatées : réétiquetage de vieilles viandes congelés, viandes congelées non destinées à la consommation humaine, lots de viandes non étiquetées, utilisation de viandes non destinées à la consommation humaine (plaies de saignées) dans des préparations de viande de boeuf hachée, traitement de queues de boeuf coupées de la carcasse avant qu’elle ne soit inspectée par un vétérinaire, etc. En conséquence,l’Afsca a immédiatement retiré les agréments de l’atelier de découpe et de l’établissement de congélation. Suite à cela, les autres sites de production du groupe Verbist ont été inspectés.
Fin du mois de mars, le fonds d’investissement Sogepa indiquait avoir reçu une trentaine de propositions pour la reprise des installations de Rochefort et de Bastogne appartenant à Veviba. Ceux-ci pouvaient, jusqu’au 10 avril, présenter une offre ferme. Après un tri dans les candidatures, Sogepa a sélectionné une demi-douzaine de candidats sérieux, indique L’Echo. La décision devrait tomber ce jeudi 17 mai.
Les candidats
Selon le journal économique, parmi les derniers candidats, on retrouve un opérateur irlandais, un autre néerlandais (qui pourrait être Vion) et peut-être aussi un français (qui ne serait pas Bigard). Les autres candidatures proviendraient de Belgique. Parmi elles, L’Echo évoque la Coopérative des éleveurs de Wallonie (CEW), une société constituée pour l’occasion par 11 éleveurs wallons avec le concours de la Fédération wallonne de l’agriculture. Celle-ci a remis un dossier à double entrée: elle propose soit de reprendre l’abattoir de Bastogne, soit de collaborer avec le repreneur choisi. A condition seulement qu’il soit belge…
Pen effet, pour cette dernière, il est important qu’un acteur belge reprenne la société. « Nous redoutons de voir arriver à Bastogne un ou des opérateurs étrangers », explique Marie-Laurence Semaille, conseillère de la FWA, à nos confrères de L’Echo. « C’est évident qu'il faut préparer l'après-Veviba, mais il faut le faire en continuant à intégrer des acteurs belges dans le fonctionnement de l'outil. Si on confie celui-ci à des Néerlandais ou des Irlandais, qu'en sera-t-il des spécificités wallonnes, telles que nos exploitations familiales en races allaitantes ou le blanc-bleu-belge? Quelle attention accorderont-ils au maintien du type de viande qu'apprécient les consommateurs belges? »
Verbist toujours propriétaire
L’Echo rappelle que le groupe Verbist reste propriétaire des abattoirs et a donc son mot à dire. S’il ne possède pas les bâtiments de Bastogne, qui appartiennent à la commune, la province et l’intercommunale Idelux, il est en effet propriétaire des installations ultra modernes (contrairement à celles de Rochefort). La pondération des droits de vote entre Verbist, Sogepa et le gouvernement wallon reste pour l’instant un mystère. Pour retrouver des clients comme Delhaize ou Colruyt, il faudra miser sur un acquéreur de confiance.
Une chose est sûre, le scandale Veviba a une nouvelle fois terni l’image de la production de viande. Gondola et la Foire de Libramont ont récemment unis leurs forces en vue d’inverser la tendance et de redorer l’image de la viande belge. « 77% des consommateurs sont aujourd’hui demandeurs d’une viande produite localement, en Belgique. Malheureusement, bien que les éleveurs en soient conscients et en éprouvent la volonté, ceux-ci ont des difficultés à communiquer leur ancrage local à travers leurs produits » explique Pierre-Alexandre Billiet, CEO Gondola Group. « Jusque-là, en matière de communication et de marketing, les éleveurs se reposaient en effet essentiellement sur la grande distribution. Désormais il leur appartient d’entrer directement en contact avec le consommateur. C’est la raison pour laquelle il est aujourd’hui important pour eux de mettre en place leur propre marque et d’en maîtriser l’ensemble du cahier des charges, marketing et communication compris ».