Selon les résultats d’une étude d’Ayming Belgium, un retailer belge pourrait économiser annuellement plus de 200 euros par travailleur et améliorer sa marge opérationnelle en optimisant ses charges salariales.
On le sait, les acteurs belges de la grande distribution accusent un désavantage concurrentiel par rapport à leurs concurrents néerlandais. La société de conseil en amélioration de la performance Ayming Belgium chiffre ce désavantage à 3,8% et pouvant même aller jusqu’à 6,6% (hors TVA). En octobre de cette année, la société a mené une étude comparative des charges sociales et fiscales sur les salaires dans le secteur du retail et de l’industrie manufacturière belges. Selon elle, un retailer pourrait économiser annuellement plus de 200 euros par travailleur.
Plus de 200 euros d’économies par travailleur
« Hors personnel impliqué dans la R&D, le secteur du retail dispose d’un potentiel d’optimisation beaucoup plus important de ses charges sociales et fiscales sur les salaires que l’industrie manufacturière » déclare Ayming Belgium. Les consultants de la société chiffrent les économies possibles à 206,22 euros par travailleur, en moyenne, sur la base des chiffres 2017, contre 125,88 euros « seulement » dans l’industrie manufacturière.
Il y a deux raisons essentielles à cet écart important. « Tout d’abord, le niveau de qualification des employés : la distribution emploie du personnel souvent moins qualifié que l’industrie, ce qui lui permet de solliciter des réductions de cotisations patronales « groupe-cible » plus importantes. Comme leur nom l’indique, ces réductions concernent des groupes-cibles de travailleurs, tels que les jeunes travailleurs peu qualifiés par exemple. Ensuite, le retail enregistre une plus forte rotation du personnel en contact avec la clientèle que l’industrie. Ces deux raisons font que la fréquence d’éligibilité aux aides est plus élevée dans la distribution que dans l’industrie manufacturière », explique Laurie Pilo, Managing Director d’Ayming Belgium.
Profiter des dispenses et exonérations régionales n’est toutefois pas une mince affaire. Lorsqu’une enseigne dispose d’implantations dans les trois régions du pays, son département RH doit consacrer énormément de temps aux démarches de sollicitation et à la gestion administrative de dispositifs multiples, avec des erreurs possibles d’encodage et d’interprétation lorsque la chaîne de transmission des données n’est pas totalement fluide entre le point de vente et le service Payroll. Si elle y parvient, seule ou en se faisant accompagner, l’enseigne pourra améliorer ses marges opérationnelles, particulièrement sous pression dans le secteur du retail. Selon l’étude d’Ayming Belgium, les économies potentielles sur le montant annuel de la masse salariale peuvent grimper jusqu’à 0,40 % dans la distribution, contre 0,17 % dans l’industrie manufacturière, ce qui impacte directement le résultat opérationnel.
Digitalisation
Mais d’autres enjeux sont également abordés dans le cadre de cette étude. Le premier est celui de la digitalisation du secteur. En 2018, les achats en ligne effectués en Belgique devraient atteindre 12 milliards d’euros. La généralisation de l’e-commerce est un défi majeur pour les acteurs traditionnels de la distribution. Les investissements à consentir dans le développement d’un webshop et la gestion de la chaîne logistique sont considérables. Il est ainsi frappant de constater que 4% des ventes sont perdues chaque année en raison de marchandises en rupture de stock.
Les nouvelles technologies (Big Data, intelligence artificielle, authentification biométrique, réalité augmentée, etc.) imposent, elles aussi, des investissements très lourds en R&D. Pour transformer le défi de la digitalisation en un avantage concurrentiel, le retailer peut toutefois solliciter des aides publiques à l’emploi et des subsides à l’innovation.
Phygital
Le deuxième enjeu est celui de la compétitivité du point de vente. L’une des tendances dominantes dans le retail actuel est le phygital, qui consiste, pour les enseignes, à développer une complémentarité entre les canaux digitaux et les points de vente physiques. Cette stratégie requiert une mutation des points de vente, chargés de sublimer l’expérience client.
Actuellement, plus de la moitié des consommateurs dans le Benelux combine les achats en ligne et en boutique, les premiers représentant en moyenne 20 % du total des achats. Pour renforcer l’attractivité de ses points de vente, une enseigne doit mettre l’accent sur la formation et la fidélisation de son personnel, mais aussi sur la flexibilisation des horaires. « Un audit de toutes les dimensions d’un projet phygital permet d’optimiser les mécanismes d’aides disponibles, comme, par exemple, l’exemption partielle du versement du précompte professionnel pour le personnel IT ou les chercheurs impliqués dans des projets digitaux » précise Ayming Belgium.
Pour conclure, Ayming indique avoir pu faire économiser 328.400 euros à une grande enseigne de distribution spécialisée en faisant jouer l’ensemble de ces mécanismes.