Jan De Boeck, consultant en recherche chez CPS GfK, se concentre principalement sur les catégories de produits frais. A l'occasion de Feeding The Future, il présentera des chiffres pertinents et des idées fascinantes, dont nous avons un aperçu ci-dessous. 

Votre présentation porte sur les produits frais en période d'inflation. Quelles en sont les principales conclusions ? 

En résumé, les consommateurs recherchent des alternatives moins chères et ont également besoin de commodité et d'inspiration. En raison de l'inflation de ces dernières années, les gens réduisent leurs dépenses. Ce phénomène est perceptible dans de nombreux domaines, y compris celui des produits frais. En fin de compte, les gens se tournent vers des alternatives qui pèsent moins sur leur portefeuille. 

Pouvez-vous donner des exemples concrets ? 

Dans la catégorie des viandes fraîches, nous constatons que le veau, par exemple, est délaissé au profit de la viande hachée et de la volaille, des produits dont le prix au kilo est moins élevé. Pour vous donner une idée, le prix du porc a augmenté de 19 % par rapport à l'année dernière, celui de la volaille de 14 % et celui du bœuf de 8 %. 

Parmi les fruits, les kiwis et les agrumes sont sous pression, en partie à cause de mauvaises récoltes et de fleurs gelées. En revanche, les bananes, relativement bon marché, se portent bien.

Constatez-vous des tendances autres que la réduction des dépenses consacrées aux produits frais ? 

Oui, en effet. On constate que les produits frais transformés, tels que les légumes prédécoupés, ont bien résisté. La catégorie des repas prêts à réchauffer se porte également bien, tandis que les boîtes repas perdent du terrain. Ces produits sont assez chers et il est clair que les consommateurs ont réduit leur consommation à ce niveau-là. 

D'autres produits bénéficient-ils de la baisse d'intérêt pour les boîtes repas ? 

Cette baisse est en partie compensée par les boîtes de produits frais des supermarchés. Albert Heijn est le leader dans ce domaine. L'idée est similaire à celle des boîtes repas de fournisseurs tels que HelloFresh. Vous achetez une boîte de produits, recette comprise, que vous cuisinez vous-même. Pour les familles, il s'agit d'une formule intéressante qui allie commodité et inspiration. Vous ne devez plus réfléchir à ce que vous allez préparer et tout (sauf éventuellement la viande) est livré dans une boîte pratique. En prime, vous gaspillez moins, car les ingrédients sont livrés dans les bonnes quantités. 

Y voyez-vous une forme de commodité, ou est-ce un pont trop loin ? 

La commodité ne doit pas aller trop loin, car le prix augmente à nouveau. Prenons l'exemple des fruits prédécoupés. Ils sont chers et en période d'inflation, nous sommes moins enclins à les acheter. Nous assistons donc à un déclin de cette catégorie de produits. 

Quels sont les résultats que vous aimeriez partager ?

Pour la première fois, nous constatons que la croissance des produits frais s'essouffle quelque peu dans les hard discounters. Les parts de marché n'augmentent plus. Les autres canaux de vente en difficulté sont les marchés et les acteurs à chaîne courte tels que les magasins à la ferme. Les marchés attirent traditionnellement une clientèle plus âgée, car il faut avoir du temps pour s'y rendre. Enfin, on observe également un léger déclin du commerce électronique. Nous achetons moins souvent des produits frais et des biens de consommation en général en ligne. 

Peggy Van der Auwera