Opinion Les enseignes de jouets sont de véritables jouets pour les investisseurs
Je ne crois pas en Saint-Nicolas. Ou bien si, mais plutôt dans la manière où la fête des enfants offre un véritable coup de boost à certains secteurs, dont celui du jouet évidemment.
Je ne suis plus crédule depuis mon adolescence. Et pourtant, ici, dans l'industrie du jouet, on joue à un jeu dans lequel de nombreux salariés ont malheureusement perdu leur emploi. Permettez-moi de penser qu'au moins une personne autour de cet échiquier est devenue riche.
Vous me suivez ? Juin 2016 : Blokker (le groupe) réunit les différentes enseignes de jouets néerlandaises sous un même étendard, celui d'Intertoys. La raison devient claire un peu plus d'un an plus tard. En mars 2017, Blokker place les Maxi Toys en vitrine. En octobre 2017, Blokker vend Intertoys au fonds d'investissement britannique Alteri ("pour 1 euro symbolique", dit-on), qui après quelques mois voit tout s'écrouler. En janvier 2019, la société portugaise Green Swan reprend la société Intertoys en faillite et, dans le même temps, la société belge Maxi Toys rachète Bart Smit à Blokker en février.
J'espère que vous me suivez toujours.
A peine 8 mois plus tard (septembre), c'est le "retour à la case départ" et Blokker Holding (maintenant rebaptisé Mirage Holding) reprend Intertoys. Pour Intertoys, ce sont quatre propriétaires en à peine 2 ans : ce n'est pas propice au développement sain d'une chaîne de vente au détail. Les mouvements vont plus vite que sur un plateau de jeu de Monopoly.
Si vous me posez la question, ce "tour de jeu" n'a probablement fait de mal à personne. On peut penser "intelligemment joué" : la chaîne peut maintenant travailler à la consolidation suivi d'une croissance. Cela semble se concrétiser car en septembre 2019, Mirage achète... Maxi Toys pour que Bart Smit revienne "à la maison". Mais le fils prodigue amène sa petite amie belge.
Y a-t-il de la place à table dans la maison de l'ex-ménage de Blokker-slimmed-nu-Mirage ?
En mai de cette année - grâce à une pandémie, la mauvaise carte "chance" est tirée -, on annonce que Maxi Toys est en difficulté. Une solution à ce problème est trouvée assez rapidement en France. King Jouet achète Maxi Toys (ou au moins les 2/3 de celui-ci) avec de grandes promesses et en misant sur le multicanal. Nous sommes à la fin du mois de septembre et donc 3,5 ans après le début de ce jeu de chaises musicales, voilà que la branche belge de Bart Smit dépose également le bilan.
La dernière étape de notre petit jeu est donc... les Pays-Bas. Ou comment Blokker Holding, dans une partie de ping-pong avec Mirage Holding, a repris le contrôle de toute la démarche, s'est débarrassé des wagons étrangers gênants et peut maintenant se concentrer pleinement sur le sauvetage et la redynamisation des activités néerlandaises.
Ou comment Witteveen a obtenu de la famille Blokker un empire de la vente au détail sans un sou en poche, avec une dotation en plus. Cela sent le conte de fées mais je n'y crois pas non plus.