Quelques heures après l’annonce du plan de restructuration du groupe Mestdagh, les travailleurs ont spontanément fermé les portes de plusieurs points de vente. Chez les travailleurs et les syndicats, c’est l’incompréhension qui règne.
450 emplois, soit 18% de l’effectif total, sont menacés par le plan de restructuration annoncé ce lundi 7 mai par la direction de Mestdagh. En réaction, plusieurs points de vente Carrefour Market Groupe Mestdagh ont fermé leurs portes dans la journée. Les travailleurs du dépôt de Gosselies ont en outre bloqué l’entrée du centre logistique du retailer. Et ces actions devraient être plus largement suivies, à en croire les différents représentants syndicaux s’étant depuis lors exprimés.
L’incompréhension règne en maître au sein des différents représentants syndicaux. Tragédie, coup de massue, étonnement, torpeur, catastrophe, bain de sang social,… : ces termes sont ceux utilisés par les différents représentants syndicaux au sortir du conseil d’administration extraordinaire du groupe Mestdagh ce lundi 7 mai. C’est avant tout l’ampleur du nombre d’emplois menacés associée aux mesures visant à rendre le travailleur plus polyvalent qui ‘assomment’ les syndicats. « Dans certains magasins, cela représentera la suppression d’un quart, voire d’un tiers du personnel » a affirmé Myriam Delmée, vice-présidente du SETCa dans les colonnes de L’Echo. Ces suppressions d’emplois devraient, selon les partenaires sociaux, augmenter la charge de travail de ceux qui seront conservés, d’autant plus que la direction a décidé d’étendre l’ouverture des magasins au dimanche et de supprimer le quart d’heure payé. « L'ouverture des magasins le dimanche, c'est une forme de double peine. Comment faire fonctionner des magasins avec moins de monde et un jour d'ouverture en plus? » se demande Danny Dubois de la CSC. « Tout cela en souhaitant conserver des services en rayon. Concrètement, cela signifie qu’ils veulent le taux de personnel d’un hard discounter, tout en offrant les services d’un supermarché conventionnel. Ce n’est tout simplement pas possible. Cette équation n’est pas équilibrée » ajoute Myriam Delmée au micro de la RTBF, qui estime que les discussions qui ont lieu depuis deux ans ont ici été bafouées.
Si certaines mesures font l’unanimité, comme le besoin de répondre aux nouvelles attentes du consommateur ou encore de davantage investir le monde digital, l’accent mis sur les économies de coûts est jugé trop important. Si important, qu’il fait peut-être partie d’une stratégie visant à laisser de la marge lors des négociations, juge Myriam Delmée. « Mais même amoindries, les mesures annoncées sont très lourdes » précise-t-elle à nos confrères de L’Echo.
Dans un même temps, le Premier Ministre Charles Michel a indiqué, par voie de communiqué, que le groupe Mestdagh devra assumer ses responsabilités et mettre tout en oeuvre pour limiter le nombre de licenciements. Le gouvernement s’est engagé à suivre la situation au plus près et à soutenir les travailleurs concernés en étudiant toutes les pistes légales et envisageables avec les Régions.
Update 8 mai 2018:
La majorité des magasins intégrés Mestdagh resteront portes closes ce mardi 8 mai. Une heure avant l’ouverture théorique des magasins, le personnel de 23 des 52 magasins intégrés a annoncé son intention de débrayer. D’autres magasins devraient suivre. Des piquets bloqueront également le dépôt et la centrale logistique de Gosselies.
La prochaine réunion entre syndicats et direction est fixée au 17 mai prochain.