Albert Heijn a, à nouveau, fait parler de lui. Le retail et les médias belges en sont tout retournés. Des mots comme ‘grossier’, ‘pressions’ ou ‘arrogance’ ont fleuri dans les journaux belges et néerlandais. Pourquoi un tel tapage ? Dans un courrier collectif à ses fournisseurs, Albert Heijn a décidé unilatéralement d'appliquer une réduction de 2%. Une excellente nouvelle pour le consommateur et – soyons honnêtes – rien de nouveau sous le soleil de notre retail où les négociations sur les prix entre retailers et fabricants prennent une tournure de plus en plus difficile.
En temps de crise, la lutte pour attirer le consommateur (et son portefeuille) s'avère particulièrement âpre. Jusqu'ici, aucune raison de montrer du doigt quel qu'Albert Heijn que ce soit. Mais dans ce contexte, c'est peut-être davantage la forme du message – une lettre collective – que son contenu que l'on pourrait interpréter comme provocante. Force est pourtant de constater qu'Albert Heijn a encore réussi à attirer toute l'attention sur lui. Un joli tour de force pour une chaîne qui ne compte aujourd'hui qu'une poignée (disons deux) de magasins dans la partie néerlandophone du pays.
Désireux d'en savoir un peu plus, nous avons pris contact avec Albert Heijn, où l'on a accepté d'esquisser le contexte dans lequel il fallait replacer cette histoire. “Albert Heijn a des grands projets pour poursuivre sa croissance, tant en Belgique qu'ailleurs” explique Rianna Van der Sar, responsable Media Relations. “En Belgique, notre volonté d'expansion n'est un secret pour personne. En Allemagne, nous avons ouvert notre premier Albert Heijn to go et aux Pays-Bas, depuis la reprise de 82 supermarchés Jumbo et C-1000, nous sommes occupés à leur réouverture sous notre enseigne. Nous continuons donc de grandir et nos fournisseurs avec nous.” En effet. Une hausse du nombre de supermarchés signifie une augmentation du chiffre d'affaires, ce dont profitent les fabricants. Rianna Van der Sar note – à raison – que les accords sur les prix datent d'avant la reprise de Jumbo et C-1000. Elle ajoute que dans un contexte dynamique et en perpétuellement changement, les fabricants devraient eux aussi, pour une fois, tenir compte de la réalité du moment. Mais pourquoi choisir de les prévenir de cette manière, une lettre collective, alors qu'un entretien personnel – il s'en tient plusieurs fois par an – aurait sans doute été une manière plus indiquée d'aborder un sujet aussi délicat? “Nous avons toutes sortes de manières de contacter les fabricants, y compris l'entretien personnel, et nous sommes toujours disponibles s'ils souhaitent nous rencontrer. Notre porte leur est toujours ouverte.” Nous pouvons supposer que, du côté d'Albert Heijn, les téléphones chauffent…