Le prélèvement kilométrique introduit pour les camions au mois d’avril dernier exerce un impact important sur le transport des denrées alimentaires. Si ce surcoût devait être répercuté sur le consommateur, la hausse de prix de ses achats alimentaires pourrait atteindre jusqu’à 1,2%. C’est ce qui ressort d’un whitepaper publié par The Retail Academy en collaboration avec PwC.
Le prélèvement kilométrique a déjà fait couler beaucoup d’encre, mais l’impact réel de la mesure n’était pas encore connu. En collaboration avec PwC, The Retail Academy (la branche formation et études du Gondola Group) a dés lors enquêté pour le connaître. Dans un whitepaper consacré au sujet, les auteurs de l’enquête concluent que le prélèvement kilométrique pourrait bien faire s’élever les prix des produits alimentaires.
Le Food doublement touché
“ Les produits alimentaires sont doublement touchés par la taxe, puisquils doivent très fréquemment être transportés et qu’ils occupent un volume important “ explique Arnaud Van Hamme ( junior analyst, The Retail Academy). “Aliments et boissons sont les denrées faisant de loin le plus appel au transport, loin devant d’autres industries. Un élément déjà apparu l’an passé dans une enquête de la KUL, et qui a été confirmé au cours des interviews que nous avons menées auprès d’experts en supply chain et logistique, dans le commerce alimentaire et non-alimentaire en Belgique. Ces experts ont souligné que les produits représentant une valeur relativement modeste par mètre cubique, comme l’alimentation, subiraient le plus important surcoût, suite au prélèvement kilométrique.”
Jusqu’à 8% de surcoût logistiques entre les entrepôts et les points de vente.
Au total, The Retail Academy estime que les coûts logistiques s’élevent de 3% à 8% sur le trajet de l’entrepôt vers le point de vente, suite à l’introduction du prélèvement kilométrique. La hausse des coûts logistiques a naturellement un effet sur la structure de coûts globale des distributeurs.
Pour le foodretail, le transport représente environ 50% des frais logistiques, qui représentent eux-même entre 12% et 15% du coût total.
L’alimentation plus chère de 0,7%, en moyenne
Le secteur de la distribution, qui dégage déjà des marges particulièrement modestes, peut difficilement absorber ce surcoût. La répercussion du surcoût sur le client final semble dès lors inéluctable. “Si le surcoût est à chaque fois répercuté à 100%, l’estimation de la hausse de prix des produits frais oscille entre 0,3% et 1,1%. En moyenne, la hausse des prix en magasin devrait s’établir à 0,7%” confirme Arnaud Van Hamme.
Les conclusions de The Retail Academy se situent dans la droite ligne de celles de Comeos, puisque l’organisation représentative du commerce estimait pour sa part à 0,5% la hausse des prix consécutive à l’introduction du prélèvement kilométrique.
“Cette hausse de prix correspond environ à un budget annuel de 15 euros par famille, pour les seuls produits frais. Ce qui peut paraître peu, mais représente l’équivalent d’un shopping trip moyen dans un petit magasin de proximité” commente Silvie Vanhout (Managing Partner, The Retail Academy)
“Si la production intervient en Belgique, il y a davantage de transports en Belgique, et donc davantage de surcoûts. L’épicerie sèche et le non-alimentaire ont des besoins en transports moins intensifs que le frais, qui doit être livré à intervalles très fréquents” ajoute également Arnaud Van Hamme.
Aussi un impact sur le commerce non-food
Pour le commerce non-alimentaire, les chiffres sont différents. Les coûts de transport y représentent environ 20% des coûts logistiques, qui pèsent eux-mêmes 10% du coût total. “Le secteur non-alimentaire peut aussi s’attendre à un impact sur sa structure de coûts, mais il sera plus limité. Et les marges sont souvent plus confortables que dans la distribution alimentaire” signalent encore les auteurs de l’enquête.