L'effet boule de neige est en oeuvre. Tout le monde sur la toile en parle mais jusqu'à aujourd'hui, les principaux acteurs de ce qui n'est pour l'instant qu'une rumeur se refusent au commentaire. Nous parlons bien sûr ici d'Aldi Nord qui s'apprêterait à accueillir au sein de son assortiment une partie des best-sellers des marques A, en ce compris Ferrero et Coca-Cola. Mais depuis cette annonce parue chez nos confrères allemands de Lebensmittel Zeitung, les réactions fusent et les avis parfois divergent. Les pincettes sont pourtant de mise s'il on en croit les déclarations faites à La Capitale hier par Véronique Squelart, porte-parole du groupe Ferrero: "Pour être honnêtes, tout ceci nous a fort surpris. Nous ne sommes en effet pas au courant d'un accord avec Aldi. Cependant, nous sommes ouverts à toute possibilité de collaborations avec l'ensemble des distributeurs en Belgique".
Ce potentiel accord marquerait en tout cas la fin d'un modèle exclusivement hard-discount. "Lidl ayant déjà passé cette étape, il ne restait plus que Aldi. Il s'agit là pour moi avant tout d'une réaction de compétitivité et de protection des parts de marché. Il y a, en Belgique, énormément de points de vente, peut-être même un peu trop. Le marché alimentaire est mûr et saturé et le budget des consommateurs n'est quant à lui pas en croissance. Vient alors une guerre des prix. Prenons pour exemple le concept store Red Market de Delhaize qui s'ouvre à des prix plus bas. Les distributeurs misent de plus en plus sur le prix. Aldi est attaqué sur son propre territoire et agit alors en conséquence", nous explique Claude Boffa, spécialiste de la grande distribution et Academic Director of the new exclusive Executive Programme in Retail & Distribution Management à la Solvay Brussels School.
Celui-ci évoque alors une autre piste, "Il y a aussi l'envie de montrer une image plus sympathique au regard du consommateur. C'est un moyen de faire passer le message "Nous sommes un distributeur comme les autres". Car certaines personnes ont encore parfois peur de se rendre chez Aldi, ou ne le disent tout simplement pas. Or ici, avec de grandes marques, le consommateur devrait mettre ses scrupules de côté et voir Aldi comme égal à un autre distributeur."
Cet accord s'il a lieu devrait mener à un questionnement que ce soit au niveau des marques A ou des distributeurs concurrents. "Il y a pour les marques une certaine crainte de dévalorisation mais peut-on pour autant en tant que marque se passer d'Aldi? Les hard discounters représentent en effet 20% du marché. Il leur serait donc difficile de cracher sur cette opportunité." Autre problème possible évoqué par Claude Boffa lors de notre entrevue, celui des prix de vente et de la concurrence: "Le Belge moyen fréquente plusieurs enseignes différentes. Celui qui allait chez Aldi pour une partie de ses courses puis chez Carrefour ou Delhaize pour les grandes marques, pourrait dès lors décider de ne plus faire ses courses que chez Aldi. Mais tout ceci dépend évidemment du nombre de produits proposé et du prix de ceux-ci... Si Aldi vend un produit à prix cassé, cela aura divers impacts dont trois principaux:
- Cela dévaloriserait la marque aux yeux de certains consommateurs
- Cela voudrait dire qu'ils ont eu ce produit moins cher, ce qui entraînerait alors des problèmes entre la marque et les autres distributeurs
- Ou cela voudrait dire qu'ils vendent à perte, ce qui est – pour l’instant - formellement interdit en Belgique!"