Interview Bruno Colmant : « Le gouvernement doit soutenir la consommation »
La crise du coronavirus est un coup dur pour notre économie, que nous ressentirons d’ailleurs encore dans cinq à dix ans, déclare l'économiste Bruno Colmant, l'un des orateurs du fameux Gala de Gondola. Mais comme toute crise, il y a aussi des opportunités : consommer localement peut nous aider à nous relever.
Bruno Colmant, CEO de Degroof Petercam, membre de la Royal Academy et conférencier au Gondola Gala Night, effectue depuis des années des analyses pointues et approfondies de l'économie belge. La question est actuelle est de savoir de quelle façon il perçoit la crise économique dans laquelle le Covid-19 nous a entrainés. « Nous subissons un choc énorme qui va encore aggraver les déséquilibres existants. Des problèmes qui ne sont pas encore totalement visibles, ou du moins partiellement, risquent de remonter rapidement à la surface. C’est par exemple la cas du financement des retraites et des soins de santé. Le PIB belge a baissé de 10%, nous ressentirons les effets de la crise pendant encore cinq à dix ans. »
Craignez-vous que les différences de notre société augmentent ?
Les différences sont amplifiées par la crise, oui. Les Belges n'ont jamais autant épargné qu'aujourd'hui, mais ce ne sont pas ceux qui épargnent qui ont perdu leur emploi. Des fissures apparaissent dans la classe moyenne, qui est le fondement de notre économie et de notre société depuis la Seconde Guerre mondiale. Il y a une perte d'emplois importante : peut-être 300.000 personnes sont concernées, ce qui crée un fossé social important.
Que pensez-vous qu'il faut faire pour relancer l'économie ?
Je pense qu'il est important que le gouvernement aide les personnes les plus touchées en soutenant la consommation. La restauration de leur pouvoir d'achat est cruciale. Lorsqu'un grand groupe de personnes ne peut plus payer ses factures, cela a un impact sur l'ensemble de l'économie. Le gouvernement devra compenser en augmentant la dette nationale, mais cela ne doit pas être un réel problème, car nous avons un taux d'intérêt négatif via la Banque centrale européenne. De cette façon, nous n'avons pas à créer de nouvelles taxes, ce qui serait mortel pour une reprise.
Pensez-vous qu'il devrait y avoir un pacte de consommation ?
Le gouvernement doit opter pour un pacte dans lequel nous choisissons de stimuler davantage la consommation locale. Je suis convaincu qu'il faut aider les personnes en difficulté en leur donnant des coupons de consommation. J'ai déjà lancé l'idée d'augmenter le montant des chèques-repas et de le donner aux personnes qui sont en difficulté financière à cause de la crise. Nous vivons une situation dans laquelle l'offre et la demande sont en difficulté, ce qui n’est pas commun. Nous devons veiller à ce que la consommation intérieure reste stable.
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