La « Ferme Abattoir », le premier site de production de Bigh, s’installe sur le toit du Foodmet, la nouvelle halle alimentaire du site Abattoir à Anderlecht sur une surface de 4.000m2.  «  Il s’agit là de la plus grande ferme aquaponique d’Europe, et peut-être même du monde » souligne Steven Beckers, fondateur de Bigh.

Aqua…quoi?

Rappelons d’entrée de jeu ce que signifie concrètement l’aquaponie. Il s’agit là de la combinaison de la culture hydrologique (culture hors sol alimentée en nutriments par l’eau) et de l’aquaculture ou pisciculture.Les fermes aquaponiques de Bigh sont composées de deux systèmes de recirculation en boucle fermée où les poissons et les plantes sont reliés par un filtre biologique. Le bio-filtre purifie l’eau des poissons et est complété par un apport quotidien d’eau douce de 5% de renouvellement dont l’équivalent en eau naturellement fertilisée est prélevé pour nourrir les plantes. Les milliards de micro-organismes du bio-filtre transforment l’ammoniaque produit par les poissons, en nitrite puis en nitrate pour être directement absorbé par les racines des plantes.

A noter que cet écosystème naturel de filtration et de fertilisation ne peut supporter aucuns antibiotiques ou pesticides, ce qui assure aux clients une sécurité dans la qualité des produits. Ce mode de fonctionnement permet notamment d’énormes économie d’eau (on y utilise une centaine de fois moins d’eau). Dans les serres, on utilise des méthode de pollinisation biologiques (via les bourdons) et de lutte biologique (auxiliaires) pour gérer les maladies potentielles. Pas question donc d’utiliser le moindre produit chimique ou pesticide. Mais revenons-en au vif du sujet...

Ambitions européennes

« La ville n’est pas un problème, mais bel et bien une solution. En 2013, nous avons mené une étude sur l’agriculture urbaine et nous nous sommes rendus compte qu’il y a pas moins de 6 millions de mètres carrés de toits permettant d’accueillir à Bruxelles des fermes urbaines » explique d’emblée Steven Beckers. Si la Ferme Abattoir est le premier projet de ce type de Bigh, il est loin d’être le dernier. La société créée en 2015 en vue de répondre au besoin d’optimiser les bâtiments et leur valeur immobilière tout en rendant la ville productive a en effet de nombreux autres projets en cours à Bruxelles, mais aussi dans d’autres villes belges et européennes. L’ambition est en effet de créer un réseau de fermes au coeur des grandes villes européennes. Certaines se sont déjà fixé des objectifs en ce sens. C'est le cas de Paris, qui ambitionne la création de 30 hectares de fermes urbaines. Pour se développer, elle a réalisée une première levée de fonds, réunissant 4,3 millions d’euros de capital.

Destination locale (Rob, épiceries fines,…)

La Ferme Abattoir s’étale sur une surface totale de 4.000m2. 2000m2 de serres horticoles et pisciculture, 2000m2 de potagers productifs forment donc la plus grande ferme urbaine sur les toits en Europe. Sa construction  a commencé en juillet 2017 pour s’achever en février 2018. On y produira 35 tonnes de bars rayés par an, 15 tonnes de tomates par an, mais aussi 2.700 pots de plantes aromatiques chaque semaine et 120.000 barquettes de micropousses par an. Destination? Le local, principalement des épiceries fines de la région bruxelloise, mais aussi des restaurateurs, des commerçants en ligne et l’enseigne premium de Carrefour, Rob. »Le tout est que nos client privilégient l’approvisionnement local et de qualité de leurs produits » explique la société. Ce sont vers là que seront donc acheminés les herbes aromatiques en pot, les tomates, les micropousses et le poisson. On pourra retrouver les premiers produits dès la mi-mai 2018. Les fruits rouges sont quant à eux destinés au restaurant social d’Atelier Groot Eiland. Si Bigh tient tant à fournir des commerces locaux, c'est notamment par soucis écologique et de qualité. En moyenne, nos produits font un trajet de 5.000km pour arriver au supermarché, explique Steven Beckers qui rappelle que la chaîne du froid altère fortement le goût des produits.

Le développement de la ferme, qui loue la surface à l'Abattoir pour un bail de 36 ans, a commencé en 2016 avec la construction du jardin potager extérieur puis en 2017 pour la serre aquaponique qui fut achevée en 2018 après 7 mois de construction. Les opérations de la ferme tourneront à plein régime fin 2018. Le jardin extérieur, également alimenté par l’eau du système aquaponique, continuera à se développer au fil des années après les résultats des tests, y compris de nouvelles techniques, visant à donner un sens économique à l’agriculture extérieure sur les toits. A terme, il s’étalera sur une surface totale de 2.000m2.

Les herbes aromatiques en pot, certifiées biologiques, sont cultivées sur des tables sur la mezzanine. Un éclairage LED est complémentaire à la luminosité naturelle pour permettre une production régulière toute l’année.

Manger mieux

Ce projet répond notamment à une tendance forte actuelle. Depuis quelques années, les consommateurs exigent en effet une nourriture plus saine, locale et traçable. Dans cette optique, les fermes urbaines en aquaponie de Bigh proposent un élevage de poissons et la production de fruits, légumes et herbes, 100% naturel et sans aucun produit chimique sur un seul et même toit. Ce positionnement vise à distribuer des produits de haute qualité en circuits courts mais aussi à inspirer les citadins à consommer local. A cela s’ajoute bien entendu une empreinte écologique drastiquement diminuée, une qualité de vie en ville, de l’emploi, de l’esthétique, des bien-faits pour le climat et une meilleure biodiversité. La ferme est en outre zero dechet.

 

Economie circulaire

Au niveau de l’emploi, la ferme travaillera avec un personnel hautement qualifié, mais aussi des emplois issus de l’économie sociale. Bigh organisera notamment des stages allant d’une semaine à un an, des formations professionnelles, des formations en agriculture urbaine (via Atelier Groot Eiland) destinées à des personnes en réinsertion (burnout, dépression, etc.), et offrira du travail à des personnes handicapées (via Travie). Des visites guidées ouvertes au public seront également au programme.

« En raison de l’envergure innovante et unique du projet, un volet éducatif et didactique a été intégré pour sensibiliser le public en mettant en avant la complémentarité des approches et techniques diverses en agriculture urbaine » souligne la société.  «BIGH est une démonstration forte de l’économie circulaire, économiquement rentable, dont la production alimentaire saine, transparente, de qualité et locale est en symbiose avec l’environnement urbain. La ville devient une solution si la recherche d’impact positif est faite à tous les niveaux : énergie, eau, qualité de l’air, biodiversité, ressources en matériaux, etc. tout en créant de l’emploi et de l’insertion. BIGH représente, aussi, un avantage économique pour l’immobilier qui nous intègre. », partage Steven Beckers.

Greenyard pour partenaire

Parmi les principaux partenaires du projet, on retrouve le géant des fruits et légumes Greenyard, qui fournit notamment les Grow Bags, des sacs de culture ici destinés aux tomates. Ils contiennent des matières organiques naturelles tandis que l’irrigation apporte des nutriments naturels et que des champignons assurent une activité microbiologique accrue dans le substrat. Le tout est installé sur des gouttières suspendues.

Pour Bigh, Greenyard a créé des substrats spéciaux. « Au cours des dernières années, nous avons beaucoup investi dans le développement de substrats pour l'agriculture urbaine. Des projets comme BIGH aident les citadins à comprendre comment leur nourriture est cultivée, tout en leur permettant de profiter du plaisir du jardinage », explique Stefaan Vandaele, responsable de la direction de la division Horticulture de Greenyard. « Nous sommes donc très fiers, car, grâce à ce partenariat avec Bigh, les substrats de Greenyard contribuent à un environnement urbain plus durable, tout en favorisant un style de vie plus sain ».

On retrouve parmi les partenaires de Bigh: Koppert Cress, Gauthier Semences, Koppert Biological Systems, Tarkett, Derbigum. Tandis que du point de vue social, on retrouve l’Atelier Groot Eiland et Travie.