Pourquoi Intermarché Belgique nomme-t-elle un Directeur Exécutif ?

Gondola
C’est assez inédit pour Intermarché Belgique : l’enseigne vient d’annoncer ce jour l’arrivée d’un Directeur Exécutif, en la personne d’Arnaud Meyrant, venu du Groupe louis delhaize. Chez Intermarché, ce sont d’habitude les adhérents qui ont toute la visibilité et la plupart du pouvoir, et pas les managers de la centrale. Comment lire cette annonce ?
Si Intermarché est une enseigne dont les adhérents sont volontiers accessibles, l’enseigne n’a jusqu’ici pas beaucoup communiqué spontanément vers le monde extérieur, à l’exception des sujets qui dirigeaient vers elle les projecteurs de l’actualité, comme la reprise de Mestdagh et le transfert des magasins intégrés de son parc à des exploitants indépendants. Aussi, quand le groupement prend la peine de demander à un bureau de communication de transmettre à la presse un communiqué, il passe d’autant moins inaperçu. Celui qui vient d’arriver dans notre rédaction est particulièrement bref et sobre, ce qui nous invite à le reproduire intégralement : “La Société Les Mousquetaires annonce la nomination de Arnaud Meyrant en qualité de Directeur Exécutif Belgique. Arnaud Meyrant entrera en fonction le 1er avril 2025 et sera chargé de piloter les activités de soutien aux points de vente, tout en assurant la bonne finalisation des chantiers d'intégration engagés. Il œuvrera aux côtés des deux présidents du Conseil d’administration, Antoine Florival et Philippe Guilpain, chefs d’entreprise Mousquetaires, pour permettre la gestion dynamique du commerce des enseignes Intermarché, en pleine croissance en Belgique. La Société Les Mousquetaires et l’ensemble des adhérents belges tiennent à remercier Dominique Danjean qui a assuré la transition à la fonction de Directeur Exécutif ad interim pendant cinq mois.”
Factuellement, tout est dit ou presque, à l'exception peut-être d'un bref portrait d'Arnaud Meyrant, qui n’est pas un inconnu dans le métier du retail. Cet ingénieur commercial formé à la Solvay Brussels School a passé les 8 dernières années de sa carrière dans un rôle de Directeur de la stratégie du Groupe louis delhaize, qui a désormais cédé la plupart de ses enseignes de commerce alimentaire à l’exception de Cora Belgique et Provera. Quant à Dominique Danjean, dont on apprend qu’il exerçait déjà le rôle exécutif ad intérim, il s’agit d’un manager français spécialisé en conseil et management de transition ayant notamment exercé une fonction de management en tant que permanent chez Leclerc.
Changement de statut

Antoine Florival, Co-Président d'Intermarché Belgique
©Gondola
Intermarché Belgique renoncerait-elle à sa culture si spécifique où tout le pouvoir est détenu par les adhérents ? Ce n’est pas le cas : ce sont toujours les indépendants qui ont le dernier mot, toujours eux qui veillent au grain dans une structure dont ils connaissent d’autant mieux tous les rouages qu’ils lui consacrent un tiers de leur temps de travail, en y prenant en charge, en collaboration avec les salariés de la centrale - ceux qu’on appelle ‘les permanents’ - le suivi de différentes activités de l’enseigne : politique commerciale, achats, marketing, logistique, développement, DRH, etc. Intermarché a pourtant changé de division, à travers la reprise de Mestdagh, mais aussi à la faveur d’une dynamique propre qui traverse tout le réseau. Après avoir doublé son chiffre d’affaires après la reprise, Intermarché Belgique poursuit sur sa lancée, et a fait savoir que son chiffre d’affaires avait encore progressé de 11% en 2024. Tout ceci a changé le statut de l’enseigne, dont une source très sûre nous dit que la part de marché sur le seul marché wallon atteindrait désormais 13%. Et c’est précisément ce changement d’échelle qui pousse désormais Intermarché Belgique à renforcer ses cadres, comme ne s'en sont pas cachés récemment auprès de nous plusieurs Mousquetaires belges. L’essor d’Intermarché implique une professionnalisation accrue de ses structures, mais il permet désormais aussi d’attirer des managers capables de bien épauler les adhérents, et tout particulièrement le Conseil d’administration, où Antoine Florival, un autre Solvay-boy ayant pour sa part choisi d’exploiter des supermarchés, constitue désormais une équipe bien armée pour gérer, y compris sur le plan des finances, un groupement dont la taille a radicalement changé en très peu de temps.