Avec la publication des résultats du Groupe Carrefour pour 2024, l’attention du métier s’est logiquement polarisée dans notre pays sur la belle performance signée par la filiale belge. Nommé en juin 2022 avec pour délicate mission de faire sortir l’entreprise du rouge, Geoffroy Gersdorff et ses équipes ont relevé avec succès ce défi. Mais quels sont les autres éléments principaux à retenir dans les résultats du groupe ?

Globalement, la satisfaction est de mise, avec un chiffre d’affaires ‘like for like’ de 94,5 milliards d’euros, en croissance de 9,9%, et un Ebitda de 4,6 milliards d’euros, en croissance de 1,7 %. Le bémol, c’est que Carrefour est plutôt moins en forme sur son marché domestique français, où le chiffre d’affaires LFL recule de -2,3% (-1,6% en alimentaire; -8,1% en non-alimentaire). Cette tendance s’exprime aussi au 4e trimestre, avec un recul de -2,1% en LFL (-1,4% en alimentaire; -7,9% en non-alimentaire), dans un marché français décrit par le groupe comme “atone et toujours marqué par des volumes négatifs”. Si l’alimentaire limite les dégâts, le volet non-alimentaire souffre manifestement bien davantage. Logiquement, compte tenu de la composition des assortiments, les hypermarchés français en pâtissent bien plus (-3,8% LFL au T4) que les supermarchés (-1,6%). Le Groupe évoque pourtant des motifs de satisfaction pour le marché français : amélioration de 5 points du Net Promoter Score, gains de parts de marché en volume et part de marché en valeur stable au quatrième trimestre en LFL (hors acquisition des Cora/Match). 

L’Amérique latine toujours en plein boom

Le quatrième trimestre se traduit par des résultats contrastés sur les autres pays européens. Si la Belgique est stable (-0,3%), avec même un LFL positif depuis le mois de novembre (+0,4% en novembre et +1,1% en décembre), l’ Espagne progresse de +1,8% en LFL (-0,2% sur l’année), avec une croissance des ventes à la fois en alimentaire et en non-alimentaire, et la Roumanie progresse de +1,4% (+1,2% LFL sur l’année). En Italie (-0,6% LFL au T4, et -2,6% sur l’année), Carrefour présente des résultats en progrès par rapport aux trimestres précédents. La Pologne recule de -2,3% au T4, et de -3,0% sur l’année.

C’est à nouveau l’Amérique latine qui signe les plus fortes croissances (+25,6% au T4, +38,1% sur l’année). Au Brésil, on enregistre une croissance de +6,0%, et en Argentine, un pays traversé par le traitement de choc économique imposé par Javier Milei, la progression s’affiche en ‘triple digits’ : +111% au T4, +176% pour l’exercice complet 2024.

La location-gérance va s’étendre

Lors de la présentation des résultats, Alexandre Bompard n’a pas seulement évoqué un nouveau plan d’économies chargé d’épargner 1,24 milliard d’euros. Il n’a pas caché qu’il comptait étendre le mode de location-gérance et de franchise pour redynamiser les magasins en délicatesse. En France, 50% du chiffre d’affaires est réalisé via la franchise et la location-gérance. Quatre hypermarchés italiens ont adopté ce modèle d’exploitation l’an passé, ce qui permet de dire qu’il pourrait être adopté dans bien d’autres marchés. Une rumeur tenace, formellement démentie jusqu’ici par Carrefour Belgique, en fait également une hypothèse possible dans notre pays.

Dernier point : on était curieux de connaître l’éventuelle suite donnée à l’ouverture en juin dernier à Aulnay-sous-Bois du premier magasin de cash & carry Atacadão, l’enseigne brésilienne qui cartonne dans son pays natal. Pas de réponse à ce stade, on ignore si la greffe a pris, mais à ce stade, Carrefour s’abstient de confirmer tout plan d’expansion correspondant aux possibles 20 sites d’implantation évoqués lors de l’inauguration.