La Fédération Belge des Vins et Spiritueux jugent les récentes proposition de la Ministre de la Santé Publique Maggie De Block visant à interdire la consommation d’apéritifs alcoolisées aux jeunes de moins de 18 ans insuffisantes. Elle dénonce par la même occasion une politique discriminatoire faisant passer l’intérêt du secteur brassicole avant la santé.

Selon Vinum Et Spiritus, la Fédération Belge des Vins et Spiritueux, les propositions récemment annoncées par la ministre de la Santé publique Maggie De Block ne permettront pas de lutter efficacement contre l’abus d’alcool chez les jeunes. La fédération professionnelle n’est pas opposée à ces mesures et dit apprécier que le monde politique s’emploie à protéger les jeunes d’une consommation problématique d’alcool en misant sur le contrôle et la prévention. Elle dénonce toutefois « le fait que les mesures visent une fois de plus une catégorie restreinte de boissons alcoolisées alors que ceux-ci ne représentent qu’une partie de la consommation d’alcool chez les jeunes », jugeant dès lors ces mesures comme inefficaces.

Les propositions de la ministre De Block visant à interdire la consommation d’apéritifs alcoolisés aux jeunes de moins de 18 ans, tout en autorisant la bière, sont, selon Vinum Et Spiritus, insuffisantes pour lutter contre l’abus d’alcool chez les jeunes. En Belgique, 67 % des garçons et 48 % des filles de moins de 18 ans préfèrent une bière à une autre boisson alcoolisée (source : ESPAD 2016). « Chez les jeunes de 16 à 18 ans, les cas de consommation excessive de bière sont six fois plus nombreux que les cas d’abus de spiritueux. Qui plus est, les bières spéciales et les bières aromatisées aux spiritueux contiennent beaucoup plus d’alcool que divers apéritifs et pré-mixes » souligne la Fédération. 

Pour « l’interdiction totale de l’alcool aux mineurs »

Selon elle, les mesures annoncées par la ministre donnent l’impression de lutter contre l’abus d’alcool chez les jeunes alors qu’en réalité, elles épargnent la majeure partie de la consommation problématique d’alcool chez les mineurs. « L’objectif n’est donc pas atteint. La ministre conforte la population dans l’idée que la consommation de bière par les jeunes de 16 ans ne pose pas de problème et elle sape les tentatives de consensus quant à une interdiction totale de l’alcool aux mineurs. Il s’agirait pourtant d’une mesure plus claire et plus facile à mettre en œuvre » affirme Vinum Et Spiritus par voie de communiqué.

La fédération sectorielle encourage les participants à la Conférence interministérielle, qui réunit la ministre de la Santé publique Maggie De Block et les différentes communautés, à prendre une série de mesures efficaces pour lutter contre l’abus d’alcool en se concentrant, d’une part, sur la prévention et, d’autre part, sur le pourcentage de la population belge (6 % selon l’enquête de santé nationale 2013 de l’ISP) qui présente un problème d’alcool. Vinum Et Spiritus estime, par ailleurs, qu’une prévention efficace de l’abus d’alcool chez nos jeunes passe par une interdiction de l’alcool en dessous de 18 ans – une mesure déjà en vigueur dans la plupart des pays européens.

« La politique belge en matière d’alcool fait deux poids deux mesures » juge encore la Fédération estimant que les vins et les spiritueux font l’objet d’un traitement inéquitable et plus sévère que celui fait à la bière. « La teneur en alcool d’un verre de bière, de vin ou de spiritueux normal a le même impact sur le corps humain » rappelle Vinum Et Spiritus.

"Un coup dur pour le budget et l’économie belges"

Dans ce débat, Vinum  Et Spiritus épingle également l’augmentation discriminatoire des accises sur le vin et les spiritueux, entrée en vigueur fin 2015.

En 2016, le volume des ventes de spiritueux en Belgique a baissé de 25 % par rapport à 2015. Les détaillants et l’horeca ont respectivement enregistré une perte de volume de 16 % et de 50 %. Plutôt que d’adapter sa consommation, le consommateur a travaillé sur ses habitudes d’achat. Les achats d’alcool par des Belges au Luxembourg ont ainsi augmenté de 40 % et l’augmentation des ventes de spiritueux est deux fois plus importante dans le Nord de la France que dans les autres régions de l’Hexagone. Entre décembre 2014 et décembre 2016, les ménages belges ont acheté presque trois fois plus de boissons alcoolisées à l’étranger (+ 278 %). « L’augmentation des accises ne rapportera, du reste, pas les 212 millions d’euros de recettes supplémentaires que les autorités avaient espérés. Au contraire : les recettes nettes ont baissé de 22 millions d’euros en 2016 par rapport à 2015. Les accises ont, certes, rapporté 51 millions d’euros supplémentaires, mais l’État a perdu 73 millions d’euros de recettes de TVA. L’augmentation inéquitable des accises menace, en outre, 4 600 emplois : 800 emplois directement liés au secteur et 3 800 indirectement menacés » précise encore la Fédération.

 

Prévention à l’école

Pour lutter contre la surconsommation d’alcool, Vinum Et Spiritus appelle à une prévention dès les bancs de l’école. « Les 94 % des Belges qui consomment actuellement de l’alcool de manière raisonnée doivent être encouragés à conserver cette attitude responsable. Ce sont là des exemples de mesures efficaces contre l’abus d’alcool ».