Interview Elsa Cuny (Graapz): “À l’avenir, nous ne nous limiterons pas aux seuls fruits et légumes”
La start-up française Graapz s’est fixé pour mission de lutter contre le gaspillage alimentaire. Elle a à cette fin développé une plate-forme de vente hebdomadaire de paniers remplis de fruits et légumes invendus provenant des commerces de proximité. Elle entend ainsi non seulement revaloriser les produits ‘moches’, mais aussi créer du lien entre les clients et les commerçants locaux. Elsa Cuny, Country Manager de Graapz Belgique, est l'une des oratrices de la session ‘The Disruptors’ de Gondola Society qui se déroulera le 21 mars prochain. En attendant, elle a accepté de se prêter à l’exercice des ‘3 questions à…’.
Comment est née l’idée de cette plateforme?
Du simple constat que nous jetons beaucoup trop, et que 50% des invendus alimentaires sont en réalité des fruits et légumes. En Belgique, 3,6 millions de tonnes d’invendus alimentaires sont jetés à la poubelle chaque année (ce qui représente 345 kgs par an et par personne).
La durabilité et la santé font désormais partie du quotidien des consommateurs qui souhaitent acheter plus intelligemment. De même, de plus en plus de sociétés se lancent dans des concepts durables, comme Too Good To Go par exemple. Quel regard portez-vous sur ces concurrents? Et comment vous distinguez-vous de ceux-ci?
Le gaspillage alimentaire est malheureusement plus important que ce que l’on voudrait croire, ce qui permet à différents acteurs de se développer et d’agir pour proposer des solutions plus ou moins similaires. Nous sommes pour le moment spécialisés dans les fruits et légumes, ce qui nous permet de nous différencier et d’offrir une gestion de ces invendus de manière plus adaptée. Au niveau opérationnel, nous avons fait en sorte que notre concept s’intègre le plus facilement possible dans la routine quotidienne du commerçant et ne lui prenne pas beaucoup de temps. Nous avons mis en place une procédure qui lui permet de consulter rapidement son planning, puis de suivre les étapes et les critères de constitution d’un panier. Aucun passage en caisse n’est nécessaire et nous prenons en charge toute la partie du service client.
Quels sont vos ambitions, et comment souhaitez-vous étendre votre travail avec les commerçants? Serait-il imaginable que vous étendiez votre gamme (par exemple via une collaboration avec des boucheries, boulangeries, restaurants, hôtels,...locaux)?
Oui, il serait dommage de se limiter à la valorisation des fruits et légumes. C’est justement dans cet objectif d’élargir notre offre que nous fusionnons avec la société Phénix, acteur majeur de l’économie circulaire en France. Nous partageons une vision commune: ces invendus ont de la valeur, nous voulons leur offrir une seconde vie. C’est pourquoi, ensemble, nous avons développé l’application Phénix, lancée en janvier en France et bientôt présente en Belgique, qui proposera des paniers de fruits et légumes, mais aussi des paniers de produits frais.
Par rapport à d’autres applications similaires, Phénix a les avantages d’offrir plus de flexibilité pour le commerçant et la possibilité de moduler les prix de vente de ses paniers, les quantités et leur contenu quand il le souhaite. La mise en place du service est gratuite et les commissions plus intéressantes également. Pour l’utilisateur, l’offre abonnement permet de sécuriser la disponibilité de son panier chaque semaine : il pourra donc bénéficier chaque semaine de paniers de fruits et légumes et de paniers de produits frais via un abonnement à bas prix qu’il récupérera chez son/ses commerçant(s) de quartier.