Gondola Day 2018 : Les tendances et nouvelles façons de consommer
Comme chaque année, le Gondola Day se divisait en 3 sessions: l’une dédiée aux tendances et aux nouvelles façons de consommer, l’autre au digital et à la technologie et la dernière à l’innovation et la customer centricity. Nous vous livrons ici un condensé de ce qu’il s’est dit lors de la session Trends : New Consumption.
Économie régénératrice
CEO de différentes sociétés en Europe et aux États-Unis, Guibert del Marmol, décidait, il y a de cela une dizaine d’années suite à une remise en question liée à un problème de santé de passer de l’autre côté de la barrière et de conseiller entreprises et actionnaires. “Notre monde est en phase de mutation profonde. Nous faisons face à plusieurs crises: climatique, politique, financière, démographique,...” souligne l’orateur. Face au chaos, il y a deux solutions: soit le système s’écroule, soit il se stabilise à un autre niveau. “C’est cette seconde possibilité qui m’intéresse. Car les solutions existent. On observe d’ailleurs une révolution silencieuse”. L’objectif de Guibert del Marmol est d’accompagner les entreprises à devenir des acteurs du changement via l’innovation utilisée à bon escient et une économie régénératrice. “L’économie régénératrice se compose de 4 piliers : L’économie (g)locale, soit le fait de ramener la production alimentaire et énergétique au plus proche de la consommation, l’économie collaborative, via le crowdsourcing (plateforme d’échange d’intelligence collective) par exemple, l’économie de fonctionnalité (car si un producteur reste propriétaire du produit, je vous assure que plus jamais il ne programmera l’obsolescence) et l’économie circulaire, soit la capacité de recycler presqu’à l’infini. Concrètement, l’économie régénératrice est donc une économie bio-inspirée. Il nous faut nous inspirer du génie de la nature qui n’est autre que locale, collaborative, fonctionnelle et circulaire… Ne pas faire partie de la minorité agissante est une erreur stratégique. Il est encore possible de changer les choses, mais cela dépendra de vous et ça commence par un travail d’introspection” interpelle Guibert del Marmol.
Future of food
Vient ensuite le tour de Jean-Pierre Roelands, ex-directeur commercial chez Colruyt, qui perçoit une génération de consommateurs critiques en constante recherche du contraire. Ainsi, ils recherchent par exemple des substituts de viande pour aller contre la viande, souligne-t-il. “A côté du monde de changements, entendez par là ceux qui réagissent à quelque chose de négatif, il existe un monde d’anticipation. Au lieu de réagir contre, agissez pour ! Avec des scandales comme Veviba, on peut soit se mettre sur le côté et espérer que ça ne nous éclaboussera pas, soit se poser la véritable question: avec quoi suis-je occupé à l’instant? Qu’est-ce que j’ai à offrir? Quel est mon but et quelle est mon identité?”. Il évoque ensuite plusieurs clés du succès: la base étant au minimum d’avoir un bon produit, il reste encore à l’élever, à se demander quelle valeur ajoutée il apporte pour le consommateur. Il faut aussi se différencier en offrant une véritable expérience au consommateur, de l’originalité, de l’authenticité. Et ne pas oublier d’opérer une évaluation continue pour une évolution continue.
Écologie
Le débat qui suit l’intervention de Jean-Pierre Roelands a trait à l’écologie. Il rassemble Marie Bersou, Director of Strategy chez Carrefour, Aurore Flament, Sustainable Development Manager chez Alpro, Olivier Bouquet, Managing Directors Benelux chez Edenred et Xavier Rombouts, CEO de Rombouts. L’écologie est devenue l’un des grands enjeux planétaires tant pour le consommateur que pour les sociétés. Chacun y va de son initiative: Carrefour l’a intégré dans son plan de transformation, Rombouts, après avoir rendu l’opercule écologique, travaille désormais sur ses capsules, Alpro a depuis sa création intégré l’écologie dans son ADN et Edenred permet à 1,6 million de ménages d’acheter des produits écologiques avec ses éco-chèques. “Il reste encore à éduquer le consommateur. Le problème des éco-chèques par exemple était que les consommateurs ne savaient pas comment les utiliser. La campagne que mettent en place les acteurs devrait permettre de changer cela” souligne Marie Bersou. “Le consommateur décide ce qui est tendance, ce qui est important pour lui. Nous avons en effet un rôle pédagogique à jouer, et on y travaille avec nos partenaires” précise Olivier Bouquet.
Fairtrade
Après la pause, deux autres débats prennent place dans la salle 7 du Kinepolis Imagibraine. Le premier a trait au fairtade et rassemble Nicolas Lambert, Director Fairtade Belgium, Hans Michiels, Vice President Food Delhaize et Nicolas Kervyn, Assistant Professor of Marketing à l’UCL. Delhaize a été le premier distributeur à commercialiser du café fairtrade. Aujourd’hui, on retrouve 70 produits fairtarde dans ses rayons. “Le fairtrade croît de 10% chaque année” souligne Nicolas Lambert. “Mais on est encore loin du compte. Aujourd’hui, 11 à 12% des bananes seulement sont certifiées fairtrade. Il y a donc encore du travail à faire! Structurellement parlant, j’espère qu’un jour, on n’aura plus besoin de nous…”.
“Le consommateur confond vite fairtrade, écoresponsabilité, bio et autres. Soit tout ce qui a une valeur morale ajoutée. Lors d’une expérience que nous avons menée, nous nous sommes rendus compte que le consommateur assimile le fairtrade à un meilleur goût. Le produit a qui plus est la capacité de rendre le consommateur plus moral. Concrètement, en consommant fairtrade, il se sent mieux, et cela interfère sur sa perception de goût. Et si le label fairtrade n’est pas forcément maître des facteurs de décision d’achat, le goût lui, l’est. Par ricochet, il s’agit là d’un label à ne pas négliger” souligne Nicolas Kervyn.
Le futur des marques
Michel Mersch, CEO Nestlé, et Ivan Gallemaert, Sales & Export Director chez Continental Foods clôturaient la session autour du thème du futur des marques. « Dans le passé les discussions se sont trop axées sur les prix, et pas assez sur la valeur ajoutée. Il s’agit pour les marques de se remettre en question perpétuellement. Mais je reste très optimiste par rapport au futur des marques pour autant qu’elles apportent du sens et de l’éthique. Il y aura quoi qu’il en soit un bel avenir pour celles qui seront capables de réaliser ce travail » souligne Michel Mersch. Ivan Gallemaert abonde dans le même sens: « Je suis pour ma part très optimiste pour les marques qui parviendront à construire une véritable expérience avec le consommateur. Celle qui resteront fortes et crédibles seront celles qui créeront une expérience, un lien vrai et fort avec le consommateur. Pour ce faire, j’espère que nous pourrons évoluer de concert avec nos partenaires retailers vers un modèle où, enfin, on parlera réellement de co-création. C’est à dire essayer de changer ensemble notre futur et notre modèle de fonctionnement. »