Albert Heijn veut offrir à son concept une nouvelle fonction pour en faire un centre alimentaire et de livraison. C’est ce qu’a déclaré Wouter Kolk, CEO Ahold Delhaize Europe et Indonésie lors d’un entretien accordé à Het Financieele Dagblad. L’an prochain, 150 magasins seront convertis selon le nouveau concept.

Albert Heijn veut changer son concept traditionnel de supermarché. Selon les chiffres de GfK, le nombre de clients dans les magasins AH traditionnels est en baisse. Alors qu'en 2016, 88% des ménages achètent encore au sein d’un magasin de la chaîne néerlandaise, cette année, ce pourcentage est tombé sous la barre des 80%, selon Het Financieele Dagblad. Il est urgent de changer de cap, déclare Wouter Kolk, CEO d'Ahold Delhaize Europe et Indonésie, lors d'une interview accordée au journal, qui déclare que les supermarchés AH devraient se voir attribuer "une fonction différente".

Concrètement, Wouter Kolk veut transformer les magasins Albert Heijn en une sorte de centre d'alimentation et de livraison, selon le journal. Les produits d'épicerie typiques tels que les aliments pour animaux de compagnie, les produits de nettoyage et ainsi de suite devront être partiellement remplacés par des espaces de restauration et davantage de place accordée aux produits frais et préparés. Le nouveau concept frais a été lancé au début de cette année à Hoofddorp et devrait être déployé dans 150 magasins l'année prochaine.

 

Repas chauds et livraison à domicile

L'ouverture de cuisines propres à AH pour la préparation de repas chauds est toujours prévue, bien qu'elles ne seraient pas situées dans les magasins, selon le journal. La première cuisine ouvrira ses portes à Amsterdam au début de l'année prochaine.

En outre, le retailer veut également placer des exigences élevées sur la livraison à domicile et sur la livraison des repas au bureau, poursuit Wouter Kolk. Pour rappel, auparavant, le détaillant disposait de son propre service de livraison Rappie, mais ce service a récemment été abandonné. C'est pourquoi Wouter Kolk est actuellement en pleine discussion avec Thuisbezorgd et Deliveroo pour offrir à nouveau plus de commodité aux clients.

Des fermetures possibles?

L'accent mis à la fois sur la consommation directe locale et sur la livraison à domicile devrait générer davantage de revenus, déclare Wouter Kolk à nos confrères néerlandais : "Le secteur des supermarchés aux Pays-Bas a une taille de 38 milliards d'euros. Si j'ajoute le marché hors domicile, on parle soudain d'un marché de 65 milliards d'euros ", explique-t-il.

Et cela est, selon lui, nécessaire, car les autres supermarchés ne sont pas la seule menace d’une chaîne comme Albert Heijn, sa propre offre e-commerce, AH.nl et Bol.com, l’est aussi puisqu’elle détourne la clientèle des magasins. Cela pourrait mettre en danger l'avenir des magasins physiques, même si Wouter Kolk le met en perspective : "Je ne pense pas qu’il y a encore place pour un millier de magasin aux Pays-Bas. Ce n'est pas nécessaire non plus. Mais je ne pense pas non plus que le nombre de magasins diminuera de manière significative, car ils sont également utilisés pour la consommation directe et le "dernier kilomètre", disons le stockage pour le service de livraison. Et parfois une succursale Gall & Gall ou Etos peut aussi être ajoutée ", dit-il à Het Financieele Dagblad.

Travailler ensemble en Europe

Enfin, Wouter Kolk souligne qu'Ahold Delhaize devrait être plus actif en Europe. C'est aujourd'hui principalement le cas au Benelux et dans certaines parties de l'Europe de l'Est, mais entre les deux, il existe actuellement un fossé béant qui est comblé par des discounters tels que Lidl et Aldi, selon le journal. Bien que, selon le CEO, il n'est pas nécessaire de conquérir ces domaines uniquement par des acquisitions. "Il y a aussi des relations plus modernes. Il peut s'agir d'une coentreprise, d'une collaboration en ligne, d'un regroupement d'achats ou d'une prise de participation réciproque", explique-t-il au journal.  "D'autres chaînes de supermarchés sont dans le même bateau et cela augmente les chances de coopération. Nous avons tous affaire aux discounters, à la digitalisation et à la technologie en magasin, à l'essor du commerce en ligne et aux acteurs de l'internet pur, qui vont aussi vendre de l’alimentation. La dynamique devient de plus en plus intense ", conclut-il.