Thomas Bauer / Earthsight
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Thomas Bauer / Earthsight
Selon l'ONG britannique Earthsight, les deux géants de la fast fashion Inditex (Zara, Pull&Bear…) et H&M utiliseraient du coton issu du Cerrado dans leurs vêtements, participant ainsi de facto à la déforestation et d’autres activités illégales dans cette vaste région de savane du Brésil, dénonce l’organisation environnementale ce jeudi.
Au terme d’une enquête de plus d’un an, Earthsight a pu établir un lien entre des vêtements et articles d'intérieur vendus par H&M et Zara et « la déforestation illégale à grande échelle, l'accaparement de terres, la violence et la corruption » qui gangrènent la région brésilienne du Cerrado, où la production de coton destiné à l'exportation ne cesse de croître, explique l’ONG britannique dans un communiqué publié ce jeudi. Pour parvenir à de telles conclusions, l’organisation a analysé images satellites, décisions de justice et registres d'expédition, tout en s'infiltrant dans des salons commerciaux internationaux, afin de retracer le parcours de près d'un million de tonnes de coton destiné à des fabricants de vêtements en Asie, qui eux-mêmes approvisionnent les deux plus grands retailers de mode au monde.
Le rapport, intitulé « Crimes de mode : les géants européens de la mode liés au coton sale du Brésil », cible en particulier deux des plus grandes entreprises agroindustrielles du Brésil : SLC Agrícola et le groupe Horita. « Détenues par certaines des familles les plus riches du Brésil, ces exploitations industrielles comptent parmi les plus gros producteurs de coton du pays. Elles ont un long passé d'injonctions judiciaires, de décisions de corruption et de millions de dollars d'amendes liées au défrichage d'environ 100.000 hectares d’espaces naturels dans le Cerrado. » D’après Earthsight, plus de la moitié de cette région, qui couvre plus du cinquième de la superficie du Brésil et abrite 5% des espèces mondiales, a été défrichée pour l'agriculture à grande échelle, principalement au cours des dernières décennies. Plus inquiétant encore, la déforestation y aurait encore augmenté de 43% l'année dernière. « La quasi-totalité de cette déforestation est illégale et est le fait de quelques méga-domaines qui ne représentent qu'un pourcent de l'ensemble des propriétés rurales », souligne l’ONG, qui ajoute que selon les écologistes, le Cerrado est sacrifié à l'agriculture industrielle afin d'épargner l'Amazonie.
« Nous savons tous ce que le soja et le bœuf ont fait aux forêts brésiliennes, mais l'impact du coton est passé largement inaperçu », regrette Sam Lawson, directeur d'Earthsight. « Pourtant, cette culture, qui a connu un essor fulgurant au cours des dernières décennies, est devenue un désastre écologique. Si vous possédez des vêtements, des serviettes ou des draps en coton de chez H&M ou Zara, il se peut qu'ils soient tachés par le pillage du Cerrado. Ces entreprises parlent de bonnes pratiques, de responsabilité sociale et de systèmes de certification, elles prétendent investir dans la traçabilité et la durabilité, mais tout cela semble aujourd'hui aussi faux que les arrangements de leurs vitrines. » Car comme le précise l’ONG britannique, ce « coton sale du Brésil » est pourtant certifié « durable » par l'organisation à but non lucratif Better Cotton (BC), le système de certification du coton durable le plus connu au monde. « Cette semaine, Inditex a critiqué BC dans une lettre communiquée à la presse. La missive suggère qu'Inditex s'est fortement appuyé sur le BC pour contrôler ses chaînes d'approvisionnement, malgré le fait que BC soit depuis longtemps accusé de greenwashing, de dissimulation et d'incapacité à défendre les droits humains. BC et d'autres systèmes de ce type semblent être des boucs émissaires utiles pour détourner les critiques des industries qui commercialisent des matières premières à bas prix », conclut Earthsight.
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