Le groupe Casino (Monoprix, Franprix, Cdiscount, Géant, Naturalia), fragilisé par sa dette, pourrait, à la faveur d'une augmentation de capital, voir se renforcer la présence dans son capital du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Par ailleurs, Casino est en pourparlers avec son allié aux achats Intermarché, qui pourrait reprendre une centaine de magasins.
Le groupe Casino est en délicatesse. Il affiche une perte nette de 316 millions d'euros pour l'exercice 2022, ses enseignes françaises perdent des parts de marché, et tant le groupe lui-même que sa holding Rallye qui possède 51,7% de ses titres, sont lourdement endettés. Si des actifs ont été cédés, comme un nouveau paquet d'actions de la très prospère enseigne brésilienne Assai, ceci s'est fait pour diminuer la dette du Groupe Casino, qui s'élevait à 6,4 milliards d'euros à la fin 2022. D'autres cessions risquent d'intervenir hors de France pour pouvoir honorer les prochaines échéances de remboursement de la dette, prévues en 2024 et 2025, et qui représentent 3 milliards d'euros. Mais ceci ne résout rien à la dette elle aussi considérable qui plombe les comptes de la holding Rallye : 2,8 milliards d'euros. Tout ceci a bien entendu fait dévisser le cours de l'action Casino comme celui de Rallye, et le distributeur a besoin d'argent pour éviter la catastrophe.
Le sauveur sera-t-il Daniel Kretinsky ? Le milliardaire tchèque a construit sa fortune sur les mines de charbon et les centrales électriques. Désormais, il investit en France, pays où il a fait ses études. Après la presse et l'édition, Il se tourne vers le commerce : il vient tout récemment de devenir le 1er actionnaire de Fnac Darty. Il possède également déjà 10% de Casino, et propose d'accroître sa participation via une énorme augmentation de capital de 750 millions d'euros (la valorisation boursière actuelle de Casino n'est que de 700 millions d'euros). Il y pose toutefois une condition : une restructuration de la dette où les créanciers accepteraient une conversion de celle-ci en capital.
Triple alliance
Mais ce n'est pas la seule actualité de Casino. Le groupe s'est rapproché de Teract, qui possède de nombreuses jardineries (Jardiland) et animaleries, et est majoritairement contrôlé par InVivo, un groupement de 188 coopératives agricoles. L'objectif serait de s'allier autour de deux entités à créer. L'une serait chargée de la distribution, pilotée par Casino, l'autre de l'approvisionnement en produits frais, assurée par InVivo. Ce projet nécessite de lever 500 millions d'euros, et InVivo serait prêt à mettre 200 millions sur la table. D'autres investisseurs seraient les bienvenus. Or, un troisième larron s'est invité dans les discussions : le groupement des Mousquetaires ( Intermarché, Netto, Bricomarché, Poivre Rouge, etc. ). Intermarché est déjà allié à Casino pour les achats en France. Et les Mousquetaires seraient prêts à signer un chèque de 100 millions… mais aussi à reprendre sous enseigne Intermarché entre 100 et 180 supermarchés, hypermarchés ou magasins de proximité détenus par Casino. Une transaction forcément coûteuse, mais qui permettrait à Intermarché de faire bondir la croissance de son parc, freinée par la difficulté qu'il y a aujourd'hui en France à recueillir les autorisations de bâtir de nouveaux magasins.
Si elle se concrétise, cette triple alliance offrirait des avantages aux trois parties : Casino, au-delà des fonds injectés par Daniel Kretinsky, se soulagerait de magasins peu ou moins rentables, InVivo trouverait des débouchés pour ses produits agricoles, et les Mousquetaires bétonneraient leur alliance d'achat conclue avec Casino jusqu'en 2028, en y trouvant de belles opportunités de faire tourner les usines et la flotte de pêche de leur pôle industriel, Agromousquetaires.