GoodLifeStudio
13/11/2018
Plus de cinquante villes et communes ont exprimé leur objection à un système de consigne numérique. Une technologie et des coûts publics supplémentaires non nécessaires qui ne convainquent pas les bourgmestres.
Dans une lettre signée ce 22 septembre et adressée aux trois ministres de l’environnement régionaux du pays, Céline Tellier (Wallonie), Alain Maron (Bruxelles) et Zuhal Démir (Flandre), les bourgmestres de 55 villes et communes ont exprimé leurs craintes par rapport à l’instauration de la consigne numérique pour les canettes et bouteilles en plastique, dans une lettre à l’initiative de l’Alliance pour la Consigne. Si la Wallonie, Bruxelles-Capitale et la Flandre soutiennent et envisagent l’instauration d’une consigne pour les canettes et bouteilles en plastiques afin de réduire les déchets sauvages, les 55 villes sont néanmoins contre sa mise-en-œuvre sous sa forme numérique et souhaitent opter pour un système plus classique avec retour au magasin où les responsables de la collecte seront les fabricants et supermarchés, selon le principe du “pollueur-payeur”. Les signataires estiment que les villes et communes ne devraient pas assumer les frais d’un problème créé par l’industrie. La nécessité d’utiliser un smartphone, l’installation de poubelles publiques supplémentaires et l’organisation de la collecte sont les trois grands arguments qu’ils mettent en avant.
La ministre wallonne Céline Tellier a déjà adopté une note d’orientation ce 13 juillet 2023, pour la mise en place d’une consigne. A ce stade, l’introduction d’une consigne classique similaire à celle pour les bouteilles en verre est privilégiée. Les critères de cette première orientation sont principalement la facilité, l’efficacité et l’accessibilité à tous. Le but final étant l’amélioration de la propreté publique en Belgique via la mise en place d’un système régional commun et transposable au niveau national. Le gouvernement wallon annonce que des rencontres seront prévues avec les deux autres ministres régionaux de l’environnement ainsi que les acteurs majeurs impliqués, le tout pour une mise en place d’une consigne en Belgique à l’horizon 2025.
Si les communes renvoient toute la responsabilité de la collecte de ces emballages vers les supermarchés, il faut noter que ces déchets ne viennent pas tous de boissons vendues par les grands magasins : une bonne partie provient de boissons vendues par le canal out of home, qui serait, lui, dégagé de toute responsabilité de collecte. Fevia, Comeos et Fost Plus sont pour leur part favorables au système de consigne numérique intelligent, complémentaire du système de sacs bleus PMD existant. La Fédération de l'industrie agro-alimentaire souligne que la Belgique est un des pays européens les plus performants en termes de collecte via le sac bleu (PMC). Fevia avance que la lutte contre les déchets sauvages se fait d’abord par un engagement général de la société. Dans le système de consigne numérique, chaque canette ou bouteille plastique se voit attribuer une valeur et un code unique. Les consignes sont payées à l'achat et récupérée par les consommateurs en scannant leurs emballages vides ainsi que la poubelle numérique dans laquelle ils les déposent, quels que soient le lieu et le moment de leur consommation. Ceci peut se faire soit via un smartphone, soit via un scanner domestique.
Quel que soit le système mis en place par le législateur, il aura un coût. Et celui-ci sera en réalité toujours à la charge du consommateur. Un biais pourrait toutefois intervenir : les pays voisins n'appliquent pas les mêmes taxes sur les boissons rafraîchissantes et Ecotaxes que la Belgique, ce qui en fait déjà des destinations commerciales plus attractives que les magasins belges sur ces catégories de produits. Or, les boissons achetées à l'étranger ne participent pas à l'assiette de l'impôt levé pour assurer chez nous le recyclage. Ce serait donc la double peine pour les producteurs, embouteilleurs et commerçants belges : subir sur les boissons la concurrence transfrontalière de retailers n'étant pas soumis aux mêmes contraintes fiscales qu'en Belgique, et pourtant devoir contribuer financièrement au recyclage de ces emballages venus d'ailleurs.
Selon un sondage mené par Test Achats en 2021, 74% des Belges seraient favorables à un système de consigne sur les canettes et bouteilles en plastique. Les résultats du sondage confirment aussi que la tendance qui se dessine déjà avec 307 sur 581 communes belges qui ont rejoint l'Alliance pour la consigne. Julie Frère, porte-parole de Test Achats, avait déclaré qu’en Allemagne, où le système de consigne est déjà en place depuis un moment, les canettes ne représentaient en 2021 que 0,03 % des déchets sauvages.