La période du coronavirus a plus gâté les consommateurs que jamais, déclare Gert Laurijssen de Foodservice Alliance. Et cela aura des conséquences. "La bataille entre les retailers et le foodservice se déroulera principalement dans le domaine de la consommation directe. Avec ou sans l'aide de services de livraison spécialisés."
Les masques dans les supermarchés et les restaurants ont peut-être déjà disparu, mais la Covid-19 a laissé sa marque dans le secteur de la restauration, affirme Gert Laurijssen du cabinet de conseil en marketing Foodservice Alliance, spécialisé dans la consommation hors foyer. "Le monde de la bonne nourriture et du service agréable - l'hospitalité, en un mot - est devenu beaucoup plus un monde de données et de technologie. L'impact de plateformes technologiques telles que Uber Eats et Deliveroo est énorme et s'est encore accru grâce à la période Corona. On le voit aussi dans l'essor des “dark kitchens », qui se situent exactement sur la ligne de démarcation entre la consommation à domicile et la consommation hors domicile : ce sont des ventes qui bénéficient au marché hors domicile, mais qui sont réalisées à la maison ou dans les entreprises."
Les retailers et le foodservice se se développent sur le même terrain...
C'est une évolution très importante. Son impact peut être surestimé à court terme, mais il est sous-estimé à long terme. Les consommateurs sont devenus extrêmement gâtés ; ils sont servis en tout confort jet toute paresse jusque dans leurs fauteuils. Ils commandent des repas ou de la nourriture où et quand ils le souhaitent. C'est bien ce sur quoi se concentrent le retail et le foodservice. Certaines personnes parlent de "nouvelle normalité", mais honnêtement, je n'y crois pas une seconde. Je pense plutôt que le marché n'est jamais normal.
Mais c'est là que résident les opportunités de croissance pour les retailers et les entreprises de foodservice ?
Dans les années à venir, la bataille entre la restauration et le retail portera principalement sur la consommation directe. Il ne s'agit pas de la soirée prévue entre amis, mais des dépenses fonctionnelles, comme le déjeuner au travail, à la maison ou sur le pouce. Il existe d'importantes possibilités de croissance dans ce domaine. Et c'est ce sur quoi les retailers et les entreprises de foodservice se concentrent de plus en plus, avec ou sans l'aide de plateformes de livraison telles que Deliveroo ou Uber Eats. Tout le monde veut une part de ce marché en croissance.
Les principales opportunités de croissance résident dans les dépenses fonctionnelles, telles que les déjeuners au travail, à la maison ou sur le pouce.
Le pouvoir d'achat du consommateur moyen est en baisse. Nous dirigeons-nous vers un marché dans lequel le prix devient plus important ?
En ce qui concerne le marché du foodservice, je ne le pense pas. Penchons-nous sur la crise financière de 2008-2010. À la suite de cette période, la fréquentation des restaurants n'a pas diminué comme on l'avait prévu. Les restaurants bon marché ont bien marché, mais les restaurants très chers aussi. La grande croissance est venue des formules de restauration rapide qui ont émergé : des restaurants tels que Bavet, Balls & Glory et Ellis Gourmet Burger, qui offraient une expérience de restauration complète à un prix inférieur. Nous nous attendons à ce qu'il en soit de même à présent. Il n'y aura pas de ruée vers les restaurants bon marché. Nous n'irons pas tous au Lunch Garden, pour dire les choses comme elles sont. C'est la consommation rapide et décontractée qui va se développer. On voit apparaître des formules alimentaires ethniques de ce genre. La grande différence avec la crise de l'époque, bien sûr, c'est qu'il n'y avait pas de plateformes technologiques à l'époque et de services de livraison en ligne, qui créent aujourd’hui un autre contexte. Une autre grande différence est que le malaise économique dû à la hausse des prix de l'énergie et des matières premières frappe aujourd'hui beaucoup plus durement les classes moyennes. Cela aussi aura un impact important sur le foodservice. Nous voyons déjà les premiers signes que le redressement du foodservice post-Corona sera éclipsé par ce qui se passe.
À l'approche du Congrès du Frais du 28 avril, Gondola publiera pendant huit semaines des articles concernant les aliments frais et l'innovation.
