Quitte à rouler 100 kilomètres de plus, les Français et les Anglais troquent de plus en plus la Belgique contre le Luxembourg pour acheter du tabac.
Même si la Belgique fait partie des pays européen où le paquet de cigarette est le plus cher, son prix reste encore avantageux en comparaison avec d’autres pays limitrophes, surtout la France et l’Angleterre, qui affichent des prix moyens de respectivement 10 à 11 euros pour la France et 14 euros pour l’Angleterre. L’enjeu des achats frontaliers n’est pas mince pour les cigarettiers quand on sait qu’environ 25% des ventes de tabac en Belgique s’opèrent aux abords des frontières. La tendance à la baisse des ventes de cigarettes sur le marché frontalier belge est confirmé par Cimabel, la Fédération des fabricants de cigarettes en Belgique et au Luxembourg. La raison tient surtout dans l’accessibilité du prix de la cigarette au Luxembourg, qui est par exemple de 5,5 euros pour un paquet de 20 cigarettes de Marlboro. Par ailleurs, les ventes de cigarettes deviennent également moins avantageuses pour les Allemands, chez qui le prix est devenu quasi égal à celui de la Belgique, alors que les Pays-Bas adoptent une politique de plus en plus radicale concernant le tabac, avec un prix actuel de 8 euros… qui pourrait passer, selon les déclarations du Gouvernement, à 40 euros en 2040 !
Une cigarette sur cinq consommée n’est pas achetée en Belgique
Au-delà du différentiel de prix entre les différents pays, le marché noir aurait aussi influencé négativement les ventes de tabac en Belgique. Comme on le sait, les douanes obligent les acheteurs à déclarer leurs achats au-delà de 200 cigarettes, mais ce n’est pas forcément le cas en pratique. Par ailleurs, une étude récente, datant de février 2023, révèle en effet qu’une cigarette sur cinq consommée en Belgique n’a pas été achetée en Belgique et ne génère donc pas de recettes d’accises pour le budget. Cette perte d’accises pour l’Etat s’élèverait à pas moins de 845 millions d’euros par année, selon une estimation de Cimabel, la Fédération des cigarettiers de Belgique et du Luxembourg. “Ces cigarettes achetées illégalement proviennent principalement de la Bulgarie, de la Turquie et de la Roumanie”, observe-t-on chez Cimabel, qui assure en parallèle que la politique d’augmentation régulière des taxes et accises profitent de moins en moins aux caisses de l’Etat. “Les recettes provenant des accises et de la TVA sur les produits du tabac ont été inférieures de 128 millions d’euros en 2022 par rapport à 2021.”
Cimabel demande de se concentrer sur les alternatives électroniques
Si les recettes sont toujours inférieures malgré les augmentations des accises, c’est, selon Cimabel, parce que les Belges achètent leurs cigarettes et leur tabac à rouler de moins en moins par le biais des circuits commerciaux normaux et légaux dans le pays. L’augmentation du commerce illicite des produits du tabac est également confirmée par les saisies record successives de cigarettes illégales dans notre pays. En 2021, le nombre de cigarettes illégales saisies a représenté 158 millions d’euros de recettes fiscales alors qu’en 2020, ce chiffre n’était que de 49 millions d’euros. Cimabel estime qu’il faut surtout se concentrer sur les alternatives électroniques, les produits du tabac chauffé et les sachets de nicotine, moins nocives pour la santé. “Des pays comme la Nouvelle-Zélande, le Japon et la Suède montrent clairement que des progrès sans précédent peuvent être réalisés grâce à ces innovations dans la lutte contre les effets nocifs du tabagisme”, souligne-t-on chez Cimabel.
Gondola Magazine
Cet article est issu de l'édition de juin-juillet de Gondola Magazine. Curieux de découvrir d'autres contenus similaires ? Souscrivez à un abonnement !