Le marché des alternatives à la viande est prometteur. Après la reprise récente de De Vegetarische Slager par Unilever, voici que le Groupe suisse Migros fait l'acquisition d'une autre marque néerlandaise: SoFine Foods. Une opération révélatrice des perspectives offertes à ce marché.
Le groupe suisse Migros, via sa filiale Elsa, vient de racheter la la société néerlandaise SoFine Foods, bien connue pour sa gamme d'aliments véganes, allant des escalopes aux plats cuisinés en passant par les burgers et les nuggets. Fondée en 1963, la société qui produisait initialement du tofu, distribue aujourd’hui dans toute l’Europe des alternatives au poisson et à la viande, ainsi que des produits à base de tofu et de légumes, sous les marques SoFine et ProLa Terre. Migros distribue déjà en suisse des produits SoFine depuis quatre ans sous la marque Cornatur. Les parties ont convenu de ne pas divulguer le prix de l’opération.
Cette opération confirme à la fois l'intérêt de cette catégorie en croissance pour les grands groupes et l'essor du pôle industriel du grand distributeur suisse. En décembre dernier, Unilever faisait l'acquisition de la marque néerlandaise De Vegetarische Slager, apparue en 2007. Une opération qui signalait déjà tout l'intérêt que représente pour les grands groupes alimentaires le développement du marché des alternatives végétales à la viande. Et que confirme cette fois le rachat de So Fine Foods par Elsa, une filiale du vaste pôle industriel de Migros, baptisé la M-Industrie.
Cette opération intervient au moment où un passionnant rapport du consultant AT Kearney évalue l'essor des alternatives à la viande et leur impact probable sur l'industrie alimentaire. Ses conclusions? A l'horizon 2040, 60% des produits carnés seraient en réalité des substituts à la classique viande d'élevage, et proviendraient soit de viande produite en laboratoire, soit de substituts végétaux au goût de viande. La consommation de "viande" sur le marché mondial continuera de croître, mais la part de marché de véritable viande animale produite via l'élevage devrait baisser d'un tiers entre 2025 et 2040, pour ne plus représenter que 40% de l'ensemble. Celle des nouvelles alternatives végétales devrait s'attribuer 25% du marché, et la viande produite en laboratoire 35%.
Le marché mondial des alternatives végétales à la viande est aujourd'hui estimé par AT Kearney à 4,6 milliards de dollars, une goutte d'eau par rapport aux mille millards de dollars que pèse celui de la viande conventionnelle. Pour qu'il se développe, la seule tendance végétarienne et végane ne suffira pas, disent les experts: c'est la capacité à offrir aux produits un goût similaire à la viande qui permettra de convaincre le consommateur lambda. Et les investissements se multiplient sur ce terrain: 50 millions de dollars sur les entreprises développant la technologie de viande "en culture", et 900 millions de dollars sur les marques développant des alternatives végétales.