Foodwatch France a déposé deux plaintes visant Nestlé (Buitoni) et Ferrero (Kinder) au pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, annonce l’association ce jeudi. Elle entend ainsi dénoncer « l'irresponsabilité » des deux géants de l'agroalimentaire et « casser le climat d'impunité » face à ces multinationales.
Les deux plaintes au pénal, déposées au nom de Foodwatch et de plusieurs victimes, listent sept infractions graves, dont la mise sur le marché de produits préjudiciables à la santé, l’abstention de mise en œuvre des procédures de retrait ou de rappel, tromperie aggravée ou encore la mise en danger de la vie d’autrui. Celles-ci s’ajoutent à plus d’une dizaine d’autres plaintes déjà formulées auprès d’autres instances. « Lorsqu’on est un géant de l’agroalimentaire comme Nestlé ou Ferrero, on ne peut ignorer la loi et prendre à la légère ses responsabilités concernant la sécurité sanitaire des aliments », estime la directrice de l’association, Karine Jacquemart. « Or des produits Kinder et Buitoni ont rendu de nombreux enfants malades ainsi que des adultes. C’est inacceptable. Nestlé et Ferrero doivent rendre des comptes. Notre enquête a démontré que les deux entreprises minimisent les faits et ont manqué à leurs obligations. » Foodwatch pointe notamment comme facteurs aggravants « le manque de réactivité », « les ratés », « le manque d’empathie » ou encore « le cynisme (l’envoi de bons d’achat de 10 euros) » des deux industriels dans ces affaires distinctes.
« Le système d’auto-contrôles confié aux industriels n’est pas suffisamment efficace »
Pour rappel, l’usine Ferrero d’Arlon s’est vu retirer le 8 avril dernier par l’AFSCA son autorisation de production après que de nombreux cas d’infections à la salmonelle aient été détectés dans plusieurs pays chez des enfants ayant consommé ses produits Kinder. Il a par la suite été établi que la contamination était due à un filtre bouché dans deux réservoirs de matières premières de l'usine wallonne. Quant à l’affaire Buitoni (Nestlé), elle porte sur des produits de sa gamme de pizzas surgelées contaminés à la bactérie Escherichia coli et qui auraient notamment provoqué la mort de deux enfants en France. « Dans les deux cas, ce sont les autorités sanitaires qui ont dû tirer la sonnette d’alarme face à un pic épidémique inquiétant. Alors que l’alerte aurait dû partir des fabricants », déplore Foodwatch. Selon l’organisation, Ferrero aurait été informé de la possible contamination de ses produits dès le 23 mars par les autorités du Royaume-Uni. Or, un rappel n’a été lancé qu’environ deux semaines plus tard. « Ces affaires montrent qu’on ne peut pas faire confiance à Nestlé et Ferrero, pourtant leaders sur leur secteur, et que le système d’auto-contrôles confié aux industriels n’est pas suffisamment efficace », en conclut Foodwatch.