Interview Philippe Chapuis (Nielsen) : « Nous prévoyons une hausse des prix entre 3 et 5% »
Philippe Chapuis, senior analytical consultant chez Nielsen, nous partage sa vision de l’année écoulée ainsi que celle de l’avenir du retail. Une sorte d’avant-propos, de quoi nous mettre l’eau à la bouche en attendant son intervention à l’occasion du Gala de Gondola, le 17 février prochain.
Quelles ont été vos principales observations pour 2021 ?
2021 a à nouveau été une année pleine d’incertitudes pour le secteur FMCG. L’impact de la situation sanitaire a été assez important, notamment sur les ventes. Nous avons pu remarquer qu’il y a eu une confirmation des tendances observées en 2020 ainsi que de nombreux changements en termes d’e-commerce. Beaucoup de produits qui étaient généralement consommés dans les bars ou les restaurants sont désormais achetés dans l’optique d’être consommés à domicile, ce qui booste indéniablement les ventes.
Pensez-vous que 2022 sera dans la continuité de 2021 ou l’année sera-t-elle relativement différente ?
2021 a en quelque sorte été une année de transition dans la mesure où elle a confirmé les observations de 2020. 2022, quant à elle, sera probablement une année charnière. En fonction de l’évolution de la pandémie, il y aura peut-être des évolutions plus négatives. La préoccupation première sera la hausse des prix des matières premières. Nous pourrons certainement constater des effets assez négatifs sur les volumes, avec une pression assez forte sur le marché qui se fera aussi bien sentir du côté des retailers que des manufactures. Nous nous attendons donc à une hausse des prix qui tirera les volumes vers le bas, ce qui engendra probablement des différences notables au niveau du comportement des consommateurs. Nous pensons notamment à certains private labels qui ont un peu souffert de la crise, mais qui pourraient ainsi revenir en force. Un autre exemple est celui du hard discount, qui fonctionne plutôt bien, et qui pourrait davantage profiter de la situation. A noter cependant qu’en 2021 les ventes ont été bien supérieures à celles effectuées en 2019 (période pré-Covid), ce qui présage peut-être des volumes encore supérieurs à l’avenir.
Comment appréhender d’éventuelles évolutions négatives ?
C’est assez difficile à prédire pour le moment, mais chez Nielsen, nous imaginons une hausse des prix qui pourrait se situer entre 3 et 5%. Ce sont des niveaux que nous avions déjà pu observer en 2008 et 2009 lors de la crise économique. Nous atteindrons cette année un point clé sur le marché. Beaucoup de batailles risquent de s’y dérouler. Il y aura probablement un retour de certains private labels, une progression en popularité du hard discount... 2022 sera un véritable challenge pour les marques, qui devront justifier leurs différences de prix. Il y aura également davantage de besoins du côté des consommateurs sur des sujets comme la consommation à domicile, la durabilité ou encore la santé. Le comportement des consommateurs sera aussi influencé par les médias et la communication qui sera faite sur le sujet. Si nous créons un climat ‘anxiogène’, le comportement sera multiplié et il y aura encore plus de réactions du consommateur.
Peut-on espérer une croissance équivalente à celles de 2020 et 2021 ?
L’avantage de 2021, c’est que sur les derniers mois de l’année, aux alentours de mai et juin, nous avons atteint la tant attendue situation de ‘nouvelle normalité’. Les bars et restaurants étaient ouverts, les mesures sanitaires mises en place étaient un peu plus faibles et il y avait tout de même un peu plus de liberté sociale. Globalement, nous avons constaté que les ventes étaient bien supérieures à celles de 2019 et tournaient atour des + 4 ou + 5%. Si la situation reste identique à celle de l’année dernière, nous pouvons estimer qu’il y aura à nouveau des ventes supérieures à celles de 2019. Ca s’explique notamment par le fait que nous restons beaucoup plus à la maison. Nous n’irons peut-être pas plus de deux ou trois fois par semaine au travail, ce qui fait que nous consommerons davantage à domicile. A moyen terme, sur plusieurs années, nous connaitrons sans doutes des ventes supérieures à celles de la période d’avant crise.
Quels thèmes aborderez-vous au Gala ?
Nous tirerons un premier bilan de 2021 et aborderons les sujets brûlants de 2022, à commencer par la hausse des prix, qui reste le sujet principal de l’année. Nous donnerons également notre point de vue sur l’avenir. Il s’agit là des points principaux, mais pour en savoir plus, il faudra participer au Gala !
Gondola Gala Night
Pour en savoir davantage sur la vision de Philippe Chapuis (Nielsen), inscrivez-vous au Gala de Gondola, qui se tiendra le 17 février prochain.