L’hypothèse d’un report des soldes au 1er août circule avec insistance, depuis le début du confinement, et le gouvernement sonde les secteurs intéressés avant de faire connaître sa décision. Les organisations représentatives des commerçants, petits ou grands, consultent elles-mêmes leurs adhérents, et les opinions des uns et des autres ne coïncident pas. Du côté des représentants des classes moyennes, on se montre favorable au report des soldes. Comeos juge une telle décision prématurée.

Pour le sud du pays, UCM a sondé les commerçants des secteurs concernés par les soldes, et a recueilli 700 questionnaires, un échantillon très représentatif pour la Wallonie et Bruxelles. À peine 17% des répondants pensent qu'il ne faut rien changer et maintenir les soldes au mois de juillet. Une large majorité de 61% des commerçants se prononcent pour un report au mois d'août. Les autres sont sans avis ou partisans d'un étalement sur les deux mois d'été. 

En fonction de ces résultats, UCM plaide pour un report des soldes en août. Vu les circonstances, la période d'attente (interdiction d'annoncer des ristournes mais possibilité d'offres couplées) devrait donc s'étendre sur deux mois, voire commencer dès la réouverture des magasins. “C'est ainsi que les commerçants pourront au mieux gérer leurs stocks lors de la reprise. Il faut leur permettre d'en vendre une proportion raisonnable avant de casser les prix.”

UCM suggère aussi d’accompagner le report des soldes de quatre mesures concrètes : lancer une campagne de sensibilisation invitant à fréquenter les commerces indépendants de proximité ; prévoir du parking gratuit et des ouvertures nocturnes dans les noyaux commerciaux ; réglementer les pratiques du commerce en ligne, au niveau européen, voire mondial. Et enfin renforcer les contrôles afin de s'assurer que chacun respecte bien la réglementation.

UNIZO : indispensable pour la trésorerie des commerçants

UNIZO est, tout comme UCM, favorable au report des soldes envisagé par le ministre Denis Ducarme. Une telle mesure rencontrerait les attentes d’une pétition ayant circulé parmi ses membres et recueilli près de 2.000 signatures. 

UNIZO souligne que la fermeture des magasins non-alimentaires au cours des semaines les plus porteuses pour le chiffre d’affaires ne laisse pas seulement les magasins concernés avec de gros niveaux de stock, mais aussi sans revenu, alors que leurs charges persistent. Les magasins ‘fashion’ ont aussi déjà commandé leurs collections d’hiver, et doivent payer leurs fournisseurs, alors que leurs caisses sont vides. Danny Van Assche, administrateur délégué d’UNIZO, évoque ce problème : “Pour pouvoir survivre à ceci, nos commerçants doivent au moins pouvoir vendre à prix plein pendant une période. Si rien ne change sur les dispositions légales en matière de soldes et période d’attente en avril, mai ou juin, ceci se traduira par une catastrophe pour le secteur du retail belge, avec une cascade de faillites et de pertes d’emplois.“

UNIZO plaide dès lors pour un report des soldes au 1er août, précédés par une période d’attente étendue, pour traiter équitablement petits et grands acteurs du secteur. L’organisation souhaite également que des mesures soient adoptées pour contrôler les pratiques des webshops belges et étrangers ; que les niveaux des taxes soient alignés sur ceux des pays étrangers ; que le taux de TVA soit réduit ; et enfin que les frais de livraison des envois postaux des webshops soient abaissés pour les webshops belges.

Comeos : un report des soldes en août est prématuré

Ce matin, Comeos a transmis un communiqué réagissant aux nombreuses voix invitant à reporter les soldes au 1er août. La Fédération du commerce dit vouloir nuancer cette perspective, en soulignant représenter pour sa part les plus grandes chaînes de mode, qui s’attribuent la place prépondérante dans cet univers. Comeos a elle aussi consulté ses membres, et ceux-ci se disent préoccupés par le risque de se voir encombrés par des stocks importants. Ils évoquent aussi l’impact de la crise du coronavirus sur le budget des ménages. Le pouvoir d’achat a reculé, ce qui réduit le potentiel offert aux achats ‘fashion’. “Penser que les ventes peuvent aussitôt redémarrer dans tous les magasins à prix plein est malheureusement du ‘wishful thinking’,” souligne Comeos, qui considère crucial de faire en sorte que les consommateurs puissent relativement rapidement profiter de ventes en soldes après la réouverture des magasins non-alimentaires. Comeos rappelle aussi que la Belgique n’est pas une île, et que nombre d’opportunités existent pour le consommateur de faire ses achats au-delà des frontières ou sur des webshops étrangers. 

Comeos souhaite dès lors qu’une telle décision ne soit pas prise de façon précipitée, et en tout cas pas avant que l’on ne sache à quelle date les magasins concernés pourront rouvrir.