L’an dernier, les entreprises alimentaires belges ont augmenté leurs investissements de 10% et les exportations de produits alimentaires ont grimpé de 3,3%. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport économique publié par IDEA Consult et la Fevia. Malgré ces bons résultats, la Fédération met toutefois en garde contre les risques majeurs qui planent sur le secteur.

Les chiffres du nouveau rapport économique de l’industrie alimentaire témoignent de la bonne santé du secteur. En 10 ans, son chiffre d’affaires a connu une croissance de près de 50%. Les entreprises alimentaires ont investi en 2015 pour un montant total de 1,43 milliards d’euros, ce qui représente une hausse de 10% par rapport à 2014. Avec 88.439 emplois directs et 137.080 emplois indirects, l’industrie alimentaire reste de loin le premier employeur industriel du pays. Elle est en effet responsable de 19% de l’emploi dans le secteur industriel en Belgique.

Exportations en hausse vers les USA et la Chine

L’export reste le principal moteur de croissance du secteur : les entreprises alimentaires ont exporté 62,2% de plus depuis 2005. Les exportations ont également augmenté l’année passée de 3,3%. L’essentiel des produits alimentaires exportés reste, en 2015, principalement concentré sur l’Union européenne : la France, les Pays-Bas et l’Allemagne représentent ensemble 56% des exportations. On note également une croissance remarquable dans les nouveaux états membres de l’Union européenne, comme la Lettonie (+67,2%), la Slovaquie (+34,4%) et l’Estonie (+22,8%).

Hors Union européenne, plusieurs marchés affichent toujours un potentiel non négligeable : en 2015, les entreprises alimentaires belges ont exporté pour un montant record de 536 millions d’euros vers les États-Unis (+17%). Mais c’est surtout la Chine qui tire son épingle du jeu en 2015, avec une croissance spectaculaire de 30,3%, et de 241% depuis 2011. On note toutefois un net recul de l’export vers les marchés lointains lié à l’effondrement des exportations vers la Russie (-41,2%) et les déboires de la croissance au Brésil (-10,9%).

Risques majeurs? Brexit et accumulation de taxes

La Fevia met toutefois en garde contre des risques majeurs qui planent sur les bons résultats de l’industrie alimentaire.« L’industrie alimentaire belge se félicite de cette année 2015 solide. Mais ne soyons pas trop optimistes pour l’avenir », nuance Jean Eylenbosch, président de la Fevia. « Le handicap salarial, les surcoûts énergétiques, la cotisation d’emballage, la taxe kilométrique, ou encore l’augmentation des accises sur les boissons : les nombreuses taxes et cotisations sont autant des sources d’inquiétudes qui pèsent sur la compétitivité du secteur. L’année passée, il y a eu  encore la «taxe santé», qui représente un coût pour les consommateurs et les entreprises sans aucun réel bénéfice pour la santé publique. Avec le Brexit, on redoute une diminution des exportations vers ce qui constitue notre 4ème marché d’exportation ».

Les exportations vers le Royaume-Uni représentent 2,2 milliards d’euros, soit 9,2% des exportations totales, et celles-ci ont augmenté de 6% l’année passée. Dans un tel contexte, le Brexit n’est pas une bonne nouvelle pour l’industrie alimentaire belge. En plus de l’influence à court terme du cours de la livre sterling, la Fevia s’inquiète des mesures protectionnistes potentielles à (moyen) long terme. L’apparition d’initiatives protectionnistes similaires dans d’autres pays européens, peut clairement avoir des conséquences néfastes pour un petit pays à l’économie ouverte comme la Belgique.

Baisse de parts de marché européennes

Malgré ces excellents résultats économiques, la part de marché de l’industrie alimentaire belge dans les exportations de l’Union européenne a connu une baisse de 11,2% au cours des 10 dernières années et de 7,6% aujourd’hui. Le fait que des pays comme l’Allemagne (14,9%) ou les Pays-Bas (15%) affichent de meilleures performances que la Belgique, joue sur la compétitivité du secteur alimentaire. les Belges sont également de plus en plus nombreux à acheter alimentation et boissons à l’étranger : les achats transfrontaliers sont en hausse de 42,5% depuis 2008, ce qui représenterait une perte de revenus potentiels de 723,4 millions d’euros pour notre pays.

« Les entreprises actives dans le secteur alimentaire, majoritairement des PME, doivent relever des défis de taille par rapport à nos pays voisins, comme le handicap salarial qui même après le tax-shift s’élève encore à 17,4% en 2016. Les surcoûts énergétiques ont également augmenté de 200% sur les 8 dernières années et pèsent lourdement sur la compétitivité du secteur. Et c’est sans compter la taxe kilométrique qui représente un surcoût de 150 millions d’euros, le Point vert, et la taxe santé » souligne la Fédération.

Recommandations

Pour faire face à ces défis, la Fevia appelle à un débat constructif sur l’avenir de l’industrie alimentaire et émet un certains nombre de recommandations pour soutenir sa croissance durable:

    1.    Etablir un plan santé ambitieux, impliquant tous les acteurs. « Un tel plan santé global ne peut réussir que si toutes les autorités en Belgique travaillent ensemble à l’élaboration d’une politique de santé plus ambitieuse, plutôt que d’imposer une seule taxe santé ».    2.    Poursuivre la diminution du handicap salarial dans l’industrie alimentaire, « qui même après le tax-shift s’élève encore à 17,4%. Pour se faire, FEVIA demande la révision de la formation des salaires et l’indexation automatique salarial en Belgique ».    3.    Geler les surcoûts énergétiques, « qui ont augmenté de 200% dans l’industrie alimentaire au cours des 8 dernières années ».

Téléchargez le rapport économique complet de l’industrie alimentaire belge.

Téléchargez l’étude (en néerlandais) menée par la KU Leuven quant aux implications macro-économiques du Brexit pour la Belgique.

 

Photo: © IPV-IFP / Lies Willaert