Entretien flash avec Christian Verschueren, directeur général d’Eurocommerce, le groupe d’intérêt européen du retail.
J’observe quelques tendances importantes dans l’économie et la consommation. L’Europe connaît actuellement une reprise économique modérée, ce qui rend la croissance difficile pour certaines entreprises du secteur. La confiance des consommateurs et des employeurs est à nouveau positive, mais sans réellement décoller. Cependant, le gouvernement belge a pris des décisions qui sont bonnes pour l’économie et le secteur. La Belgique se trouve donc dans une meilleure position que certains autres pays européens. En outre, le secteur du retail est confronté au vieillissement de la population. Dans 50 ans, plus de la moitié de la population aura plus de 65 ans. Et puis, il y a aussi la digitalisation… Les trois quarts des Chinois paient avec leur smartphone, contre 40% en Allemagne. Nous sommes à la traîne par rapport à cette tendance.
Le rôle du point de vente dans la rue commerçante doit être reconsidéré. Dans les petites villes, on retrouve de nombreux emplacements vacants. Là, le gouvernement devrait examiner ce qui peut être fait pour le rendre plus attrayant. En raison de l’automatisation, il y a une demande pour un autre type de profil: une meilleure éducation numérique et une bonne capacité à servir la clientèle. Les retailers doivent mettre l’accent sur des aspects différents. Les petits magasins ont également besoin d’une boutique en ligne. Et il y a aussi un renouveau du magasin indépendant: des personnes ayant de bonnes idées et mettant l’accent sur l’expérience. Il est très intéressant d’observer ce que fait Ikea: il bâtit de plus petits points de vente dans les centres-villes allemands et suédois, où il est possible de commander sans avoir à directement transporter ses achats. Ceux-ci sont livrés à domicile et cela répond parfaitement à la tendance de la digitalisation et du confort.
C'est une question épineuse. Les marques ont aujourd'hui beaucoup plus de pouvoir et beaucoup plus de marge bénéficiaire. Le plus grand retailer d'Allemagne représente 1% du chiffre d'affaires de Nestlé : c'est à peu près la proportion. Les marques sont des entreprises internationales, tandis que les détaillants sont plus petits. Il y a également souvent des produits que vous ne pouvez pas ignorer en tant que retailer. Les fabricants réagissent aussi à la fragmentation du marché européen. Chez nous, Coca-Cola est ainsi 25% plus cher qu'en Allemagne. Les retailers sont de plus en plus écoutés par la Commission européenne pour trouver une solution à ce problème.
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