Arrivée en 2022 dans les alliances européennes Everest et Epic, toutes deux dirigées par Gianluigi Ferrari, Coopérative U s'apprêterait déjà à les quitter. 

Ah, les mouvements dans les alliances d’achat européennes ! C’est un éternel recommencement, un feuilleton aussi interminable que ceux de ‘Plus belle la vie’ ou ‘Thuis’ sur le petit écran. On s’allie, on se fiance, on rompt, parfois on se retrouve et se réconcilie… Le dernier rebondissement à prévoir nous est annoncé par nos collègues de LSA. « Selon nos informations, Coopérative U est en train de négocier sa sortie imminente de la centrale d’achats internationale Everest qu’elle avait rejoint en octobre 2022 et où elle était alliée avec l’allemand Edeka, le néerlandais Jumbo et l'e-commerçant Picnic, » annonce LSA, un titre toujours très bien informé, ce qui laisse peu de doute quand à la confirmation prochaine de cette nouvelle.

Quitter en septembre 2024 une alliance rejointe en octobre 2022, c’est un bail particulièrement court, un « touch and go’, comme diraient les aviateurs. Il doit donc y avoir de sérieux désaccords avec la direction d'Everest, pilotée par le célèbre et parfois controversé Gianluigi Ferrari. Celui-ci, ex-fondateur et CEO des alliances Coopernic puis Agecore, avait fondé en 2021 Everest pour mutualiser les achats d’Edeka et Picnic, bientôt rejoints par Coopérative U (octobre 2022) et Jumbo (septembre 2023). 

La décision de Coopérative U s’appliquerait aussi à Epic, l’autre structure dirigée par Gianluigi Ferrari, et dont le rôle est de négocier des avantages « on top » des conditions commerciales, sous forme de compensations pour des données ou services qui leur seraient fournis. Epic compte parmi ses membres, outre Edeka, Picnic, Jumbo et Cooperative U, les distributeurs Migros (Suisse), Jeronimo Martins (Portugal) et Esselunga (Italie). Les Suédois de ICA avaient déjà quitté Epic en mars dernier, probablement pour n’avoir pas appliqué les mesures de boycott décrétées à l’égard des grands fournisseurs refusant de passer sous les fourches caudines de l’alliance de distributeurs. C’est le même manque d’enthousiasme de Coopérative U à appliquer cette discipline de groupe face aux fournisseurs qui lui vaudrait aujourd’hui d’être mis sur la selette.

Coopérative U restera-t-elle seule dans ce grand bal des alliances où l’on change volontiers de cavalier ? Le distributeur français n’a pas la taille de Carrefour, un groupe à qui sa surface européenne permet de désormais massifier ses achats « en famille » avec Eureca, la structure Carrefour basée à Madrid. Chez Eurelec, Cooperative U est barrée par la présence de E. Leclerc. Chez Agecore en revanche (Colruyt, Coop, Conad, Eroski), il n’y a plus de partenaire français depuis le départ d'Intermarché.