L’épidémie de grippe aviaire qui sévit actuellement en Europe et aux États-Unis, couplée à la guerre en Ukraine, pousse le prix des œufs à des niveaux record. La Belgique n’est pas épargnée, à commencer par ses industriels de l’agroalimentaire. Mais le consommateur est également impacté.
La filière des œufs doit actuellement faire face à une double crise qui réduit l'offre mondiale et fait grimper les prix. Depuis plusieurs mois, une épidémie de grippe aviaire frappe durement les exploitations européennes et américaines. La France, première productrice européenne, est particulièrement touchée puisqu’environ 8% de l’ensemble des poules pondeuses du pays ont déjà dû être abattues, rapporte l’agence Reuters ce jeudi (14 avril). La situation n’est guère meilleure aux États-Unis, où plus de 19 millions de poules ont été éliminées depuis le début de l’année, soit environ 6% du cheptel national. Sans parler du fait que les producteurs d'œufs sont également confrontés à l’augmentation des coûts de l'énergie, ainsi que des céréales utilisées pour l'alimentation des volailles. Quant à la guerre en Ukraine, son impact sur les prix est double : d’une part elle pousse les tarifs des matières premières en général à la hausse, et d’autre part elle réduit l’offre mondiale. En 2021, la production ukrainienne avoisinait les 14 milliards d’œufs et constituait environ la moitié des importations européennes. L’Ukraine approvisionnait également les pays du Moyen-Orient, qui cherchent désormais à acheter leurs œufs sur le marché européen. Résultat : les prix de gros des œufs explosent. Chez nos voisins, la hausse s’élève à près de 70% par rapport à l'année dernière. Aux USA, on frôle les 200% sur base annuelle.
« Il faut s'attendre à des pénuries »
Outre les producteurs d’œufs eux-mêmes, les autres grandes victimes de cette crise sont évidemment les entreprises qui utilisent les œufs et leurs dérivés dans leur processus de production. Celles-ci se retrouvent en effet coincées entre le marteau de la hausse des coûts et l’enclume du refus des supermarchés d’augmenter en conséquence les tarifs fixés lors des dernières négociations. Une situation d’autant plus difficile pour les industriels que la hausse du prix des œufs - en Belgique, la Fevia évoque des augmentations allant jusqu'à 50% - s’ajoute à celles des autres matières premières alimentaires, l’huile de tournesol en tête. Dans l’immédiat, l’impact pour le consommateur est par contre plus limité. « Le prix de vente des œufs a augmenté de 5% en moyenne ces dernières semaines », confie Siryn Stambouli, porte-parole de Carrefour Belgique. Et ce, malgré le fait que la chaîne de supermarchés se fournisse exclusivement en Belgique. À plus long terme, des hausses plus conséquentes semblent cependant inéluctables. S’il est encore trop tôt pour évoquer des ruptures de stock sèches, souligne Siryn Stambouli, « il faut s'attendre à des pénuries sous la forme de volumes plus restreints, car la demande sera supérieure à l'offre », conclut-elle.