Portrait « Plus il y aura de magasins de ce type, mieux la société se portera »
La coopérative à finalité sociale Poll’n, fondée par Pierre Dubuisson et active à Louvain-la-Neuve depuis octobre 2021, se veut engagée et ne vise ni bénéfices, ni expansion. Coup d’œil sur ce supermarché coopératif.
Poll’n, coopérative opérationnelle depuis octobre dernier en plein cœur de Louvain-la-Neuve, consiste à rendre les produits durables, bio et locaux (principalement) accessibles en réduisant les coûts de la structure. « Ca se traduit surtout par l’implication des clients dans le magasin puisque le site ne fonctionne qu’avec un seul salarié. Les clients travaillent 2h30 par mois dans le magasin, ce qui permet effectivement de ne fonctionner qu’avec un seul employé au lieu de 20 ou 30, comme dans les magasins traditionnels. C’est une charge de gestion en moins qui fait la différence au niveau de la marge appliquée sur les produits. Ils deviennent ainsi plus accessibles que dans d’autres supermarchés », nous explique le fondateur du projet, Pierre Dubuisson. Les clients sont donc coopérateurs et possèdent une partie de la coopérative. « En assemblée générale, ils peuvent voter différents changements. Et puisqu’ils travaillent à hauteur de 2h30 par mois dans le magasin, ils connaissent bien le fonctionnement et ont un avis éclairé. » Poll’n compte actuellement 500 coopérateurs, dont 400 inscrits comme coopérateurs/clients. Parmi ces 400 personnes, environ 250 sont réellement actives en effectuant leurs heures de travail ainsi que leurs courses au sein de la succursale.
A chaque fois que quelqu’un souhaite créer un magasin de ce type, nous lui donnons accès à tout : chiffres, plan financier, fournisseurs, mode de fonctionnement…
Contrairement à certains modèles de coopératives hybrides, à l’instar de Macavrac à Wavre qui propose un accès au magasin généralisé, mais n'offre une réduction sur les produits qu'à ses coopérateurs, Poll’n fonctionne avec un modèle dit ‘fermé’. « Nous ne fixons qu’un seul et même prix en magasin, mais l’accès est limité puisque seuls les consommateurs actifs au sein de la succursale peuvent y faire leurs courses, à quelques exceptions près. » En effet, sont exemptées les personnes âgées qui, souvent pour des raisons de santé, ne sont pas en mesure d'effectuer le travail demandé. « Nous avons également un système selon lequel chaque coopérateur/travailleur peut faire profiter son entourage de son travail, en donnant des cartes d’accès à trois personnes de son choix. Ces personnes-là peuvent donc venir faire leurs courses, mais ne sont cependant considérées que comme acheteuses et ne peuvent donc pas participer à nos assemblées générales. »
Pierre Dubuisson l’assure : il n’y a aucune volonté d'étendre le projet en ouvrant davantage de succursales. « Des magasins comme celui-ci, il y en a déjà plusieurs à Bruxelles et le principe c’est qu’à chaque fois que quelqu’un souhaite en créer un nouveau, nous lui donnons accès à tout : chiffres, plan financier, fournisseurs, mode de fonctionnement… L’idée c’est que plus il y aura de magasins de ce type, mieux la société se portera. Il n’y a donc aucune visée de bénéfices ou d’expansion. » Raison pour laquelle nous retrouvons tant de similarités avec Bees Coop, coopérative du même genre basée à Schaerbeek. « Bees Coop nous a coachés. Nous implémentons donc exactement le même modèle, en l’adaptant toutefois aux spécificités de Louvain-la-Neuve, davantage axé sur la population estudiantine. » Et c’est également l’une des raisons du choix du site : il accueille un public plutôt jeune, largement conscientisé à la transition alimentaire et à la durabilité. « Les étudiants ont aussi généralement moins de moyens. Ce modèle de ‘donner son temps pour avoir des produits de qualité moins chers’ leur convenait encore plus. » En termes de produits, le durable est également au centre des préoccupations : « Nous visons les produits qui sont à la fois bio et locaux. Lorsque ce n’est pas possible, nous proposons des produits qui sont soit l’un soit l’autre. »