Depuis plusieurs années, le bio alimentaire est sans conteste l’une des catégories qui connait la plus forte croissance. Mais voilà qu’aujourd’hui, les ventes de certains segments sont en recul. Qu’en est-il précisément ?
Surprise dans les chiffres du bureau d’études de marché NielsenIQ : après des années de croissance constante, les produits alimentaires bio semblent être en grande difficulté. En effet, sur la période février 2021 – février 2022, les volumes des deux principales catégories sont en recul. Alors qu’ils se vendent habituellement très bien, les produits laitiers perdent 9% en volume et 13% en valeur. Quant à la sous-catégorie ‘épicerie’ – fruits et légumes en conserve, plats préparés, riz, pâtes, sauces, pâtes à tartiner, soupes, épices, céréales, huile, condiments – elle recule de 2,8% en volume et de 7,2% en valeur.
Des résultats à nuancer
Avant de tirer des conclusions, il convient de nuancer les chiffres de NielsenIQ. Premièrement, ils ne tiennent pas compte d’une catégorie importante, à savoir les fruits et légumes, classiquement celle dans laquelle les produits bio enregistrent d’excellentes performances. Ensemble, fruits et légumes représentent de 30 à 40% des ventes totales de produits bio. Ensuite, NielsenIQ ne prend en considération que les ventes dans les supermarchés, alors que les aliments bio sont aussi commercialisés via d’autres canaux, généralement de petits magasins spécialisés ou la vente directe, les consommateurs achetant directement aux producteurs. La chaîne courte avait gagné en popularité au plus fort de la crise Covid mais, déjà l’an dernier, le soufflé semblait retomber. Tertio, la croissance du bio a été tellement rapide ces dernières années – et surtout depuis le début de la pandémie – qu’un mouvement de recul n’est pas nécessairement surprenant. D’autres catégories qui ont bien fonctionné pendant la crise sont victimes du même phénomène. Les confinements avaient boosté les ventes de nourriture dans les supermarchés, mais la situation s’est quelque peu normalisée depuis. Même si l’on observe un recul dans quasi toutes les catégories bio et qu’il est difficile de l’ignorer tant il est évident, il convient de rester prudent.
Un marché mature
Dans la catégorie des fruits et légumes aussi, certains retailers constatent une baisse des ventes. C’est notamment le cas chez Delhaize même si Roel Dekelver, porte-parole, y voit une raison plus prosaïque : “Nous pensons qu’il existe un lien avec la santé et la sécurité. Pour certains d’entre eux, les produits bio sont emballés ce qui est moins le cas des fruits et légumes non bio que nous vendons le plus souvent en vrac. Pendant la crise du Covid, les clients ont probablement jugé que des produits emballés étaient plus sûrs et plus rapides puisqu’ils n’avaient pas à les peser et que d’autres clients ne les avaient pas touchés.” Siryn Stambouli, porte-parole de Carrefour, qui se profile comme le distributeur qui veut rendre le bio plus accessible à un plus large public, témoigne : “Après des années de croissance, il n’est pas illogique que le mouvement ralentisse. Le marché est arrivé à maturité. Je rappelle que la croissance a atteint 17,9% en 2019 et 15,4% en 2020.” C’est aussi ce que souligne Jason Sevestre, responsable de la communication chez Aldi Belgique : “Si on compare 2021 et 2020, on constate effectivement une légère baisse d’intérêt. Et c’est parfaitement compréhensible dans la mesure où 2020 restera dans l’histoire comme une année où l’on aura enregistré une augmentation des ventes dans toutes les catégories. Néanmoins, certains produits bio ont continué à performer en 2021. C’est le cas de notre lait dont les ventes ont été multipliées par trois et de nos bananes bio et Fairtrade dont les ventes ont été multipliées par deux.”
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