Le nouveau gouvernement doit travailler sur un certain nombre de dossiers urgents qui sont encore sur la table aujourd'hui. C'est ce que déclare Bart Buysse, CEO de Fevia, la fédération sectorielle du secteur alimentaire.
Nul besoin de paniquer, déclare Bart Buysse : « Le fait que Michel II se soit immédiatement remis en marche est une bonne chose. Il sera certainement plus difficile de travailler dans les circonstances actuelles, mais ce n'est pas impossible. Il s'agit maintenant de ne pas anéantir tous les efforts déployés par le gouvernement précédent. L'accent a été mis sur l'amélioration de la compétitivité des entreprises et cela porte ses fruits. Le gouvernement doit maintenant terminer ses devoirs et poursuivre dans cette voie ».
Le CEO de Fevia évoque d'abord et avant tout les coûts de main-d'œuvre. « Beaucoup a déjà été fait pour réduire le handicap du coût du travail vis-à-vis des pays qui nous entourent. En 2015, le handicap dans notre secteur était de 21%, aujourd'hui il est tombé à 16,4%. Pourtant, il reste encore du travail à abattre. Dans le contexte du tax shift, un renforcement supplémentaire de la réduction d'impôt pour les bas salaires a été introduit. Le plafond des bas salaires est indexé dès 2018-2019. Toutefois, depuis la mise en place de ce régime en 2016, il y a bel et bien eu deux indexations. Celles-ci n'ont pas été prises en compte et, par conséquent, la réglementation des bas salaires a été partiellement érodée. Nous demandons donc une correction. Nous espérons que des accords seront conclus sur la norme salariale. Il est nécessaire de réduire encore le handicap des coûts salariaux et de créer un cadre clair pour les prochaines négociations sectorielles ».
L'industrie alimentaire souhaite également poursuivre la croissance de ces dernières années. Selon le CEO de Fevia, un certain nombre d'interventions sont nécessaires. « En raison d'une accumulation de taxes, nos produits sont 10 à 15% plus chers que dans les pays voisins. En conséquence, de nombreux Belges font des achats au-delà de nos frontières. Les impôts et taxes ont été introduits dans un but qui peut être mieux atteint par d'autres moyens. Moins d'emballages, plus de santé : il existe des mesures plus efficaces pour y parvenir, qui n'affectent pas non plus la compétitivité. Par ailleurs, la croissance que nous connaissons est principalement due aux exportations, mais elle est devenue incertaine en raison de toutes sortes de tensions internationales. Il y a aussi le Brexit. Le gouvernement devrait essayer de limiter son impact autant que possible ».
Une autre mission pour Michel II est de faciliter la recherche de talents. « Chaque jour, 36 nouveaux emplois sont créés dans le secteur alimentaire. Il y a 1 500 postes vacants qui ne sont pas pourvus parce que nous ne trouvons pas les bons profils. L'accord sur le travail a été approuvé par le Parlement. Il s'agit notamment de mesures visant à activer et à réorienter les demandeurs d'emploi, les professions goulots d'étranglement, et à rendre les heures supplémentaires plus attrayantes pour les salariés sur le plan fiscal. C'est une chose que nous voulons voir mise en œuvre plus avant ».
Enfin, Fevia souhaite que l'attention se porte sur la mobilité et l'énergie, deux dossiers délicats pour l'instant. « La Belgique dispose d'un excellent emplacement, c'est une importante plaque tournante logistique. Toutefois, pour tirer le meilleur parti de cet atout, nous devons nous attaquer à la congestion et améliorer l'accès à nos ports, à nos voies navigables et à nos chemins de fer. Enfin, en ce qui concerne l'énergie, nous devons à tout prix éviter les black-outs en hiver et le gouvernement doit prendre des mesures d'économie d'énergie afin que les coûts énergétiques de l'industrie restent limités ».