Interview Alain Boulle : « Intermarché enregistre une croissance de 7% depuis 3 ans »
Alain Boulle est tout sourire en nous accueillant pour cet entretien : l'année 2019 s'est révélée être un particulièrement bon crû pour Intermarché Belgique, et les ventes de décembre n'ont fait que confirmer cette tendance très positive.
Une nouvelle performance de choix saluée par le jury des Food Personality of the Year awards, qui a distingué le travail conduit par le Président de l'enseigne en Belgique. Celui-ci n'est pas du genre à se gargariser des honneurs. Manager compétent, mais aussi commerçant indépendant, au même titre que tous les adhérents de son Groupement, il garde les pieds sur terre.
Mais ne pense-t-il pas malgré tout que cette récompense prouve que quelque chose a changé dans le regard posé par le métier sur son enseigne ?
Manifestement, la réponse est oui ! Notre progression en parts de marché est nette, et si nous la suivons attentivement, tous nos concurrents le font aussi. Elle n'est bien entendu pas le fruit du hasard. Un tel résultat se prépare, il concrétise tous les efforts déployés au cours des trois ou quatre dernières années.
Il confirme en tout cas la validité d'une stratégie...
Celle-ci a effectivement permis de rendre notre proposition beaucoup plus claire aux yeux du consommateur. Et ses résultats peuvent être attribués à une conjonction d'éléments. Ce qui est évidemment gratifiant, c'est que ce travail a démarré voici 3 ou 4 ans, à un moment où nous étions en Belgique au pied du mur, avec l'obligation de prendre nous-mêmes notre destin en mains. J'ai eu la chance d'avoir autour de moi une équipe soudée. La vision définie ensemble a été appliquée sans aucune défaillance. Les fruits de ce travail n'en sont que plus savoureux.
On peut les chiffrer ?
Nous frisons à présent les 600 millions de chiffre d'affaires, et enregistrons des croissances de 7% depuis 3 ans, dans un marché plutôt difficile et très concurrentiel. C'est vrai qu'on ne le crie pas sur tous les toits, parce que ce n'est pas spécialement le genre de la maison. On nous reproche parfois notre discrétion. Mais nos partenaires fournisseurs l'ont bien compris, et c'est bien sûr utile, quand il s'agit d'être suffisamment significatif que pour obtenir des conditions d'achat favorables. Je voudrais aussitôt insister sur un point : il nous reste encore plein de choses à faire ! Nous y travaillons avec la même équipe et la même méthode. Et ces beaux résultats nous offrent aussi davantage de moyens pour y parvenir.
Dans ce marché si disputé, vous ne craignez pas de voir votre stratégie imitée ?
Nous n'avons pas particulièrement peur d'être copiés. Seules les enseignes qui ont une stratégie propre, et adaptée à leur identité, réussissent. De façon globale, ce sont plutôt les discounters qui se portent bien. Et même si notre nouveau concept a beaucoup mis en valeur le frais, notre positionnement est bel et bien celui d'une enseigne pointue sur le prix.
Avec cette caractéristique que, contrairement aux autres discounters, votre réseau repose sur des adhérents indépendants et non un parc de magasins intégrés. Pas si simple !
Ce sont des arbitrages à faire par nos adhérents. Et c'est vrai que les charges se font toujours plus lourdes, et que la concurrence accrue érode les marges. Mais quand les résultats sont là, la confiance se renforce. Le succès de cette politique attire aussi de nouveaux candidats entrepreneurs vers notre réseau, et c'est tant mieux, puisqu'ils en forment l'avenir. Mais c'est en travaillant bien au service des commerçants déjà en place qu'on en attire de nouveaux. Pas la peine de vouloir recruter si votre réseau n'est pas satisfait.
Comment les performances du réseau belge sont-elles perçues par vos cousins français ?
Il est certain que le groupe suit avec plaisir de cette évolution. Je ne peux que me féliciter de ma relation avec Thierry Cotillard, qui préside la branche alimentaire. Les échanges sont nombreux, sur la vision, les process, sans parler des atouts économiques qu'apporte une telle puissance d'achat. Mais ces échanges ne sont plus à sens unique. Les adhérents belges ont choisi de s'assumer il y a quelques années, ils ont retroussé leurs manches, et cet effort est payant. Cela provoque l'intérêt des Mousquetaires français, avec un vrai respect et une compréhension des réalités locales.
Nous sommes encore en période de voeux et de bonnes résolutions. Que vous souhaiter pour 2020 ?
La confiance est là, tout comme la volonté d'expansion, mais aussi de transformation de notre parc. Cette mise à niveau au nouveau concept a un impact positif direct sur nos résultats, et elle va donc se poursuivre. Je souhaite que nous restions vigilants. Le monde change tous les jours, et il nous impose de nous adapter en permanence. C'est un de nos atouts : notre taille nous offre une certaine agilité. Et puis je me réjouis déjà de poursuivre pierre par pierre la construction de nos ambitions et objectifs avec cette équipe qui m'entoure. Au-delà du jury des Retail Personality of the Year qui m'a fait cet honneur, c'est aussi elle que je veux remercier.