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La saga des blocages continue. Les agriculteurs belges sont toujours en manifestation dans le pays. Si le poids des actions devrait progressivement se diriger vers Bruxelles, des axes routiers sont encore coupés, et les entrepôts de plusieurs retailers belges sont à nouveau bloqués. Après avoir enregistré les réactions d’Aldi hier, nous avons à nouveau demandé à Delhaize, Lidl, Colruyt et Albert Heijn de nous fournir leur topo de la situation du jour.
Chez Delhaize, le centre de distribution de Ninove est bloqué depuis 17h hier soir. Les entrées et sorties sont impossibles, les fournisseurs n’arrivent pas à livrer et les camions prévus ne peuvent pas quitter le dépôt pour acheminer les marchandises aux magasins. Le centre de Ninove livre principalement des boissons et des produits secs, et l'interruption du transport n’est pas synonyme de rupture de stock immédiate dans les magasins, explique Roel Dekelver, director of communications chez Delhaize. Selon lui, il y aura peu d’impact dans les magasins aujourd’hui, “Les produits secs et boissons ont des dates de péremption beaucoup plus longues. On estime aujourd’hui que l’impact sur les clients ne va pas être visible partout, à quelques exceptions près. Mais ça ne peut pas durer plus longtemps. Si on ne peut pas envoyer les camions aujourd’hui ou demain, ça pourrait avoir un impact sur certains magasins”, déclare-t-il. Chez Delhaize, les produits belges ont toujours la priorité, affirme Roel Dekelver, et la plupart de l’assortiment est d’origine belge. Le dialogue avec les agriculteurs est donc présent depuis toujours. “Il faut aussi rappeler que nous sommes des partenaires dans cette histoire depuis des années, et qu'on va continuer à travailler ensemble. On veut qu’ils restent en Belgique, on compte sur leur qualité et les clients aussi”. Roel Dekelver assure aussi que les craintes et plaintes des agriculteurs sont bien entendues. “On comprend la situation, les frustrations et les émotions, mais on regrette quand même qu’ils bloquent les dépôts qui livrent les magasins. Ça touche aussi leurs propositions. C’est dommage mais on les comprend”.
Du côté de Lidl, la situation est plus compliquée. Son centre de distribution à Marche-en-Famenne est bloqué depuis deux jours déjà, soit depuis lundi. “On essaie d’entrer en dialogue avec les agriculteurs qui sont positionnés devant. Mais pour l’instant, aucun résultat. Il n’y a aucun camion qui peut sortir ni rentrer dans le centre de distribution”, annonce Isabelle Colbrandt, head of corporate communications chez Lidl Belgium et Luxembourg. Dans les environs, près de 50 magasins peuvent être impactés. “On commence à voir que les produits frais sont peu livrés voire pas. C’est dommage parce que ce sont des produits belges qui sont bloqués dans notre centre de distribution. Ce sont des produits belges et frais qui viennent des agriculteurs des environs et on ne sait pas les livrer”. Chez Lidl, près de 90 % de la viande fraîche est d’origine belge, affirme Isabelle Colbrandt. Tous les fruits et légumes cultivables dans le pays sont également d’origine belge, même chose pour le lait qui est presque à 100 % belge dans les rayons de Lidl, explique-t-elle. C’est donc l'incompréhension pour Lidl : “Pour l'instant, ces produits belges sont bloqués dans notre centre de distribution et c’est un peu contraire à ce que les agriculteurs demandent. Donc on ne comprend pas.” Au centre de Marche-en-Famenne, la situation reste alors immobile. “Même si on leur demande de laisser les camions sortir vides, ça reste non. On a même proposé de livrer à des banques alimentaires et même là, c’est un non. C’est dommage. On espère avoir un dialogue constructif et trouver des solutions convenables pour tout le monde pour éviter le gaspillage des produits du centre de distribution”, conclut Isabelle Colbrandt.
Aujourd’hui, Colruyt confirme que le blocage du centre Dassenveld, à Hal, a pris fin. Le transport de marchandises est actuellement possible et Colruyt peut approvisionner ses magasins en produits frais depuis ce centre de distribution. Mais les agriculteurs ont en revanche bloqué les centres de distribution d'Ollignies et de Ghislenghien. C'est de ces centres de distribution que partent l'épicerie sèche, les eaux et les boissons. L’accès à ces centres n’est plus possible. Toutefois, Hanne Poppe, responsable presse chez Colruyt Group, assure que le stock de ces produits est actuellement suffisant dans les magasins du groupe. Comme les autres retailers, les camions de Colruyt subissent aussi les embouteillages et accusent des retards de livraisons. “Notre priorité hier soir était de faire le maximum de préparatifs pour les jours à venir et de préparer autant de marchandises que possible avec l'équipe restante. De cette manière, tout était prêt pour pouvoir démarrer immédiatement - concrètement commencer à livrer nos magasins - dès que les sites seront à nouveau accessibles. D'autre part, nous nous sommes efforcés de faire en sorte que les employés restants puissent quitter les lieux en toute sécurité”, explique Hanne Poppe.
Pour Albert Heijn, l’impact est léger et se limite aux embarras sur les routes, assure Ann Maes, head of reputation chez Albert Heijn. La chaîne ne dispose pas de centre de distributions en Belgique et ne subit donc aucun blocage à ce niveau-là. “Il y a des embouteillages sur les routes mais on arrive à s’en sortir d’une façon tout à fait acceptable. On a accumulé des petits retards, par moments seulement”, explique-t-elle. “C’est vrai que nos magasins sont remplis un rien différemment que d’habitude mais on explique aux clients et ils comprennent tout à fait.” Pour le moment, tout est sous contrôle chez Albert Heijn et le retailer affirme être en dialogue continu avec les agriculteurs belges, “On est tout à fait conscient de leurs soucis et de leurs questions. Pour nous, ce sont surtout nos relations avec les agriculteurs hollandais qui dictent notre réalité de tous les jours puisque notre sourcing part de là. Et ils ont les mêmes soucis et les mêmes questions”, conclut Ann Maes.
