centrale d’achat Coopernic a vécu. Leclerc, un des membres fondateurs du groupement, reste seul à bord après le départ de Colruyt (Belgique), Rewe (Allemagne), Conad (Italie), et Coop (Suisse), qui ont claqué la porte.
Un communiqué émis par ces quatre distributeurs a révélé hier que les opinions des membres divergeant de plus en plus, un point de non retour avait été finalement atteint, forçant ces quatre membres à former une nouvelle centrale, sous réserve de l’autorisation des autorités de concurrence de leurs pays respectifs. Le siège de cette nouvelle entité se trouverait à Bruxelles. Colruyt nous confirme que jusqu’au 31 décembre, tous les accords, contrats et obligations découlant de leur adhérence à Coopernic seront honorés. Dirk Depoorter (Colruyt), président de Coopernic, évoque pour nous la migration vers la nouvelle structure: "Nous avons l'intention de ne pas trop changer le fonctionnement tel qu'il était jusqu'ici pratiqué chez Coopernic. Nous nous sommes séparés pour des raisons stratégiques, et c'était le moment idéal pour le faire. Il plus opportun pour toutes les parties de le faire avant la période des négociations qu'après celles-ci."
Si les parties concernées s'abstiennent de commentaires sur la nature concrète de ces divergences "irréconciliables" (sic), certains grands fournisseurs les évoquent en privé. Il semblerait en effet que les accords négociés collectivement avec les fournisseurs au sein de la Coopernic ne soient pas toujours respectés de façon aussi scrupuleuse dans le réseau Leclerc que chez les autres membres de l'alliance. Leclerc se serait dès lors lui-même placé en position hors-jeu, et ses partenaires en auraient tiré toutes les conséquences.
Leclerc se voit souvent reprocher, y compris sur son propre marché, de suivre une politique destructrice de valeur ajoutée: formule de drive gratuite banalisant le service, ‘prix plancher’ étranglant les petits producteurs ou fournisseurs. Brillant, mais franc-tireur, Michel-Edouard Leclerc ne compte pas que des amis. Un ténor de la distribution française nous confiait encore cette année que Leclerc était occupé à faire le vide autour de lui: « Il deviendra ainsi le seul heureux parmi les malheureux ».
La disparition de l'alliance Coopernic pose encore bien des questions. Quelles conséquences ceci aura-t-il chez l'italien Conad, qui exploite sur son marché plusieurs hypers portant l’enseigne Leclerc? Quelles alternatives d'alliances reste-t-il à Leclerc, sachant que ses concurrents français sont déjà représentés dans les principales alliances européennes?
La COOPérative Européenne de Référencement et de Négoce des
Indépendants Commerçants », vit le jour en 2006. Le siège fut établi Avenue Louise à Bruxelles. A cette époque Michel-Edouard Leclerc déclarait encore dans ‘Les Echos’ que Coopernic était ‘un instrument de négociation auprès des multinationaux (les fabricants ndlr.) créé surtout dans le but de faire descendre les prix des produits. En Belgique, l’un des membres actifs au sein de la centrale était Louis Chabert (Colruyt-Spar).
Entretemps le chiffre d’affaires consolidé’ de la centrale d’achat EMD (European Marketing Distribution) atteint aujourd’hui 140 milliards d’euros. Le groupement est suivie de près par AMS (Delhaize, Ahold, Systeme U,…) dont le chiffre atteint 130 milliards.